Pour beaucoup de Strasbourgeoises et Strasbourgeois, le Conseil de l’Europe fait partie des meubles de la ville. Un repère aux 47 drapeaux, tout près de l’Orangerie.
Un lieu où l’on n’entre pas sans badge, un « Palais » sans prince mais un palais quand même. Intimidant.
A lire l’ouvrage « Artisans de l’Europe. 30 témoignages pour 70 ans d’histoire » publié cet automne par La Nuée Bleue, on mesure pourtant combien ce lieu est nôtre.
Au fil des pages s’y déroule une histoire profondément humaine, avec ses hauts et ses bas, ses accélérations et ses remises en question. Les contributions s’y enchaînent pour au final raconter – dans le plus beau sens du terme – la chronologie de ces sept décennies marquées de réalisations dont nous ne mesurons sans doute pas assez l’importance alors même qu’elles sont destinées à protéger nos droits les plus essentiels.
Je n’en ferai pas la liste ici. Elle serait trop longue…
Mais en ce mois d’octobre, me reviennent en mémoire les affres du printemps. Souvenez-vous… On se demandait alors si la « crise russe » trouverait une issue favorable. Une histoire de gros sous, disait-on alors. Si le Conseil de l’Europe fait tout pour que la délégation de la Douma réintègre l’Assemblée parlementaire c’est pour que Moscou abonde à nouveau au budget commun. Certes… Mais pas que.
Un départ de la Russie du Conseil de l’Europe n’était pas exclu à l’horizon de l’été et il aurait été dramatique.
Pour le Conseil de l’Europe, amputé d’une immense zone d’influence alors que son objectif est de diffuser – par la persuasion – les critères de l’Etat de droit, de la démocratie et des droits de l’homme sur le continent tout entier.
Et pour les citoyens russes, privés, entre autres, du recours à la Cour européenne des droits de l’homme, cette juridiction unique au monde qu’on appelle « le bras armé » du Conseil de l’Europe.
Un miracle démocratique né et installé à Strasbourg.
Véronique LEBLANC
Journaliste – La libre Belgique
leblanc.veronique@wanadoo.fr