CE N’EST PAS UN FAKE…
Il n’y a pas qu’un pas des faits à la vérité. Il y a de l’un à l’autre la main de l’homme. Les faits eux-mêmes ne sont pas la réalité ; la pensée, notre raison, nos sens, agissant avec honnêteté, opèrent pour les établir. Nous nous en arrangeons depuis des siècles et savons que cette chaîne peut accoucher d’erreurs, mais aussi lorsque les faits sont travestis de bobards plus ou moins improvisés, de canulars comme de récits malveillants mûrement réfléchis.
La nouveauté qui s’est imposée en moins d’une génération, c’est que les réseaux sociaux et plus généralement les dispositifs numériques ont introduit là l’immense potentiel de la désintermédiation, qui se traduit par l’accès direct de tous à l’audience et la possibilité de produire, soutenir, relayer des contenus publics. La chaîne de validation traditionnelle -souvent celle de la presse qui vérifie un fait, le met en perspective et croise les points de vue- n’opère plus seule. Et les dépositaires traditionnels de cette mission -les journalistes- sont facilement mis en cause…
Puisque nous pouvons tous aujourd’hui contribuer à produire, relayer, amplifier, accréditer de « vraies » ou de « fausses » nouvelles ; nous pouvons tous aussi contribuer à déjouer les « infox », les « fake news »… C’est donc que l’éducation aux médias doit être le corolaire des bouleversements de la société de l’information : qui produit un message, d’où s’exprime-t-il, quels sont ses intérêts, quels sont ses objectifs, que valent les faits sur lesquels il s’appuie et peut-on mieux approcher les réalités qu’ils traduisent ? Ce sont des questions que chacun doit se poser et auxquelles il doit pouvoir chercher une réponse…
Le Club de la presse Strasbourg Europe prend déjà sa part dans l’éducation aux médias, en participant à la Semaine de la presse et des médias dans l’école. Après avoir tourné la page du 40e anniversaire et à l’heure de notre assemblée générale annuelle, nous sommes décidés à aller plus loin pour poursuivre ce travail auprès des collégiens et des lycéens, l’engager plus fortement auprès d’autres publics. Les journalistes ont pris de nombreuses initiatives pour déjouer les fake news, les journaux se sont alliés à l’échelle de l’Europe tout entière : quels sont les outils dont dispose le grand public pour vérifier l’authenticité d’un profil, l’origine d’une image ou d’une vidéo, pour cerner la personnalité de celui qui s’exprime publiquement, pour tracer l’origine d’une information… ?
Aider à développer cette capacité à agir et à vérifier, c’est un beau projet pour le Club de la presse Strasbourg Europe, pour l’année à venir et pour les suivantes.
CHRISTIAN BACH
Président du Club de la presse
Journaliste – responsable multimedia DNA
