Il y a quelques jours, l’affaire Dupont de Ligonnès a remis au goût du jour de manière spectaculaire le vieil adage qui court les rédactions et dont on prête la paternité à Pierre Lazareff, bien avant la naissance d’Internet: « les deux mamelles du journalisme moderne sont l’information et le démenti ».
Le bouclage hier, la course à l’audience aujourd’hui-qui est aussi une course de vitesse- font prendre le même risque, inhérent au métier. Et comme le font parfois les automobilistes, il arrive aux journalistes de passer à l’orange…
Le démenti est dès lors une planche de salut ; il vient « effacer » l’information fausse ou erronée et permet au média d’exciper de son honnêteté, seule véritable garantie qu’il peut donner à son audience. Car l’objectivité peut toujours être discutée.
Or il se trouve qu’aujourd’hui, l’honnêteté des journalistes est contestée et la confiance rompue. Dès qu’un média est pris en défaut, ou qu’une information avérée fait tout simplement débat, le tribunal des réseaux sociaux est convoqué et le procès instruit, à l’emporte-pièce. Et puisque les fake news sont devenues un genre majeur, une arme de propagande ou une source de revenus pour des officines sans scrupules, puisqu’on admet qu’un fait peut toujours appeler un « fait alternatif », il n’y a plus lieu de s’embarrasser d’une quelconque vérité. On prend ce qui arrange, on jette ce qui dérange. Ainsi font les internautes et parfois aussi les gouvernements…
Rien d’étonnant dès lors que le Forum mondial de la démocratie de Strasbourg pose cette question : l’information peut-elle mettre la démocratie en péril, alors qu’elle a été une des conditions de son éclosion ?
On ne répondra pas à ce défi sans accepter, garantir et promouvoir les initiatives citoyennes : elles doivent être à l’heure du numérique un des rouages de la fabrique de l’info.
Pour autant, les journalistes et les médias ne sont pas moins concernés qu’hier, puisqu’ils sont les seuls à se consacrer tout entier à l’info. Et à l’heure où les lecteurs, les internautes -appelez-les comme vous voudrez- sont devenus les premiers bailleurs de fonds des médias privés, loin devant la publicité, la confiance est vitale. Absolument vitale.
Christian BACH
Président – Club de la presse Strasbourg Europe
Journaliste – Responsable multimedia – DNA
christian.bach@dna.fr