Près de 70 000 morts au moment où j’écris ..
Et en face, 540 milliards d’euros de mesures pour soutenir les Etats membres. Des chiffres qui donnent le vertige !
Européenne convaincue, j’ai honte depuis le début de cette crise sans précédent, de l’inertie, de l’absence de solidarité et du manque d’empathie de l’Union européenne.
Et qu’on ne vienne pas m’opposer que la Santé est une prérogative nationale, cela n’empêche pas la solidarité. D’autant qu’il existe tous les outils de coopération au niveau transfrontalier : hors Covid 19, les hôpitaux allemands accueillent, par exemple, des patients alsaciens dialysés et réciproquement. Au moment où l’on a rétabli de façon désordonnée et unilatérale, les contrôles aux frontières, c’était « chacun pour soi et sauve qui peut », de la même façon des milliers de travailleurs frontaliers du Grand Est, sont devenus « indésirables » du jour au lendemain, en Allemagne. Repli national, réflexe pavlovien… Des images désastreuses qui risquent de laisser des traces durables…
Heureusement, grâce à l’intervention de certains élus et acteurs du transfrontalier, les hôpitaux du Bade-Wurtemberg, de Sarre et de Rhénanie-Palatinat ont fini par prendre en charge plusieurs dizaines de malades du Covid 19 pour soulager les hôpitaux du Grand Est. Idem pour la Suisse et le Luxembourg. Ouf, l’honneur est sauf ainsi que la collaboration transfrontalière ! Merci, merci !
« Retard à l’allumage » déplorent certains, mea culpa d’Ursula Von Der Leyen, la présidente de la Commission européenne mais le mal est fait, nos amis italiens qui payent à l’heure actuelle le plus lourd tribu à cette pandémie, ont eu le sentiment d’être abandonnés. Un sentiment décuplé lorsqu’il s’est agît de s’accorder sur une réponse économique commune. 16 heures de visioconférence des Ministres européens des Finances n’ont pas suffi à gommer les égoïsmes nationaux. « Nous comptons nos morts par milliers et les Ministres des Finances jouent sur les mots et les adjectifs, c’est une honte « avait lancé Bruno Le Maire à ses collègues, vers 5 h du matin. « Nous serons jugés sévèrement par les marchés, par nos populations et par les autres pays parce que nous sommes incapables de dépasser nos divergences ». Il aura encore fallu 48 h de discussions bilatérales pour convaincre le « club des radins » (Allemagne, Autriche, Finlande et surtout Pays-Bas) de lâcher du lest: 540 milliards sur la table et un soulagement pour les européens. Mais cela ne suffira pas pour affronter la crise économique, c’est pourquoi Rome réclame toujours l’émission d’un emprunt européen commun, les fameux « coronabonds », Paris propose « un fond de reconstruction » géré par la Commission qui serait alimenté par des emprunts européens. L’idée est la même : mutualiser les dettes, un tabou absolu pour Berlin et La Haye mais le sujet est officiellement sur la table. Ce qui constitue une avancée, paraît-il.
En espérant que cela suffise car le risque est réel comme l’a rappelé Jacques Delors, l’ancien président de la Commission européenne : « le manque de solidarité fait courir un danger mortel à l’Union européenne ».
CHRISTINE BOOS
JOURNALISTE RÉDACTION EUROPE
FRANCE TV
christine.boos@francetv.fr