mai 2020

202005mai9 h 00 min10 h 00 minRendez-vous avec Nathalie Stey, journaliste Le Monde et Le Mensuel du Grand Est9 h 00 min - 10 h 00 min

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Détails

NATHALIE STEY
JOURNALISTE INDÉPENDANTE & CORRESPONDANTE
LE MONDEET LE MENSUEL DU GRAND EST 

nathalie.stey@icloud.com

Comment s’est organisé votre travail ?
En tant que journaliste pigiste, je fais sans doute partie de ceux pour qui le travail n’a finalement pas tant changé que cela. Je suis habituée à travailler de chez moi. Mais il est vrai que la partie reportage, le ressenti quant à l’ambiance d’un lieu, d’un groupe de personnes, bref, le contact avec le terrain, manquent énormément. À l’inverse, il n’a jamais été aussi facile d’obtenir le n° de portable de nos interlocuteurs et les contacts se font plus volontiers. Ce qui a pu être difficile à vivre, c’est l’incertitude liée au statut de journaliste indépendant, qui a été décuplée durant cette période où toutes les Rédactions étaient dans le flou. Le fait de travailler pour plusieurs supports de presse était réellement indispensable, il a permis de « noyer » quelque peu cette incertitude, même si la visibilité, aujourd’hui encore, n’est pas là. Je salue d’ailleurs tout le travail réalisé par Profession Pigistes et d’autres collectifs.

Vous êtes la correspondante du Monde, en Alsace, comment avez-vous travaillé pour le journal en cette période ? 
Comme toutes les Rédactions, Le Monde a dû se réorganiser très rapidement et mettre l’essentiel de son personnel permanent en télétravail. Dans les premières semaines où les nouvelles méthodes de travail ont été mises en place, le réseau de correspondants n’a été que peu sollicité, que ce soit dans les live qui se sont multipliés ou dans les articles d’analyse. De même il n’était pas question pour les correspondants  de partir en reportage. Ces formats ont été réalisés par les reporters directement rattachés au Monde. Ils ont apporté un regard extérieur. Maintenant que les nouvelles méthodes de travail sont bien en place, les correspondants locaux sont à nouveau sollicités pour des reportages mettant en lumière la situation dans les régions, dans le domaine économique notamment

Quel est votre état d’esprit ?
Le fait d’habiter à la campagne et de disposer d’un jardin rend le confinement plus léger. À la maison, entre mon conjoint et mes deux ados de 14 et 17 ans, chacun a bien vite laissé plus de place aux autres qu’avant, chacun a appris à faire des compromis. Après toutes ces semaines passées dans un huis clos sommes toutes rassurant, la vraie question sera finalement celle du déconfinement. La vraie adaptation sera celle-là : pouvoir continuer de vivre avec le virus. La sortie du confinement va faire du bien au moral bien-sûr, mais ce sera pour tous un nouveau saut dans l’inconnu.

Qu’avez-vous fait que vous n’aviez jamais fait avant ?
Comme d’autres, le confinement a été l’occasion de prendre des nouvelles de la famille, des amis habitant à l’autre bout de l’Hexagone ou dans le village d’à côté, sans doute plus qu’auparavant. L’occasion de se promettre une cousinade, une fois que les déplacements seront à nouveau possibles.

Mais la vraie nouveauté aura été de participer à des répétitions de chant choral à distance.  J’ai intégré il y a quelques années l’aventure des concerts participatifs organisés par la Maîtrise de l’Opéra et l’Orchestre du Rhin, je suis aussi choriste dans mon village, et l’arrêt forcé de cette activité a été l’expérience la plus dure du confinement. Pouvoir participer à des ateliers virtuels aura été la plus belle expérience de ces dernières semaines.

Un dernier mot ?
Tous les élans de solidarité qui se sont fait jour ces dernières semaines m’impressionnent, de même que la mobilisation de toutes ces ressources dont regorge notre territoire. Le fait que notre environnement ne se porte pas plus mal sans nous est une autre leçon à garder. Je pense que notre responsabilité à tous est de nous remettre en question pour faire en sorte de ne pas recommencer nos vies « comme avant ».

Horaires

(Mardi) 9 h 00 min - 10 h 00 min

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