Conférence de presse : vendredi 16 octobre 2020, 11 heures
Enregistrement absolument nécessaire avant le 10.10.2020 à l’Email press
Exposition : 17 octobre 2020 – 28 février 2021
Le noir insondable, ultime – Pierre Soulages, grand peintre français pionnier de l’abstraction, lui a consacré sa vie d’artiste. Pour autant, le noir est pour lui tout sauf obscurité et ténèbres – il est plutôt le pendant de la lumière, à laquelle il permet de rayonner sous toutes ses facettes – que la couleur soit appliquée par raclage, décapage ou au pinceau. Ce sont les différentes textures, lisses ou fibreuses, légères ou denses qui, sous l’effet de la lumière, font apparaître l’infinie richesse de nuances potentielles ; Soulages se sert du contraste entre le clair et l’obscur pour faire remonter à la surface de la toile la clarté cachée dans les profondeurs du noir. « Je ne dis rien. Je ne représente pas. Je peins, je présente », – ce sont ses propres termes pour évoquer son approche radicale. Aujourd’hui centenaire, cet artiste né le 24 décembre 1919 à Rodez dans l’Aveyron, vit et travaille à Paris et Sète.
À l’occasion du 100e anniversaire du peintre à la fin de l’année dernière, événement que le Louvre a célébré par une importante exposition, le Musée Frieder Burda lui consacre à son tour à une grande exposition conçue comme une rétrospective. Elle réunit des travaux majeurs réalisés au cours des sept dernières décennies, et c’est l’un des curateurs les plus renommés de France, Alfred Pacquement (qui fut notamment longtemps à la direction du Centre Pompidou), ami de Pierre Soulages depuis des années et connaisseur de son œuvre, qui en assure le commissariat aux côtés de Udo Kittelmann, directeur de la Nationalgalerie de Berlin. Après Baden-Baden, l’exposition se rendra au musée Kunstsammlungen Chemnitz, rassemblant une soixantaine d’œuvres issues de collections internationales et organisée en étroite collaboration avec l’artiste.
« Le fait que cette exposition puisse avoir lieu en Allemagne a, on peut le dire, un certain caractère sensationnel », déclare Henning Schaper, le directeur du Musée Frieder Burda. « Et elle s’inscrit dans un contexte particulier. Soulages lui-même a souvent dit que tout avait commencé en Allemagne. Fidèles à l’esprit de Frieder Burda, nous maintenons donc la tradition qui vise à enrichir le dialogue artistique entre l’art en France et en Allemagne. »
De fait, la participation de Soulages, jeune artiste, à l’exposition itinérante « Französische abstrakte Malerei » en 1948/49 fut à l’origine de la précoce renommée de son œuvre. C’est aussi en Allemagne qu’eut lieu sa première exposition rétrospective : en 1960 à la Kestner Gesellschaft de Hanovre, et il sera aussi le seul artiste présent aux trois premières éditions de la documenta à Kassel en 1955, 1959 et 1964. Pourtant, c’est la haute estime dans laquelle le tinrent très tôt ses collègues peintres allemands qui lui importa le plus ; parmi eux Willi Baumeister, HAP Grieshaber, Karl Otto Goetz, Rupprecht Geiger, Fred Thieler, Hann Trier et tout particulièrement Fritz Winter.
L’affrontement de Soulages avec le noir s’inscrit dans un cheminement qui lui est propre : ses premiers tableaux gestuels, relevant de l’art formel, les tableaux peints au brou de noix de la série Brous de noixdatant de la fin des années 1940 rappellent encore par leur réduction formelle la calligraphie chinoise. À partir de 1979, époque de son adhésion radicale à l’outrenoir, Pierre Soulages parvient alors à s’affranchir de tout caractère figuratif et symbolique.
Alfred Pacquement et Udo Kittelmann évoquent leur travail aux côtés de l’artiste : « Pierre Soulages est, et demeure aujourd’hui encore, l’une des plus grandes personnalités artistiques de notre temps. Son œuvre est enraciné depuis plus de 70 ans dans l’histoire de l’art contemporain, de ses débuts juste après la Seconde Guerre mondiale à nos jours. »
L’exposition illustre le parcours de l’artiste de 1946 à ce jour et montre un ensemble de tableaux provenant de musées européens et de collections privées, notamment du Musée Soulages à Rodez et du Centre Pompidou à Paris – Elle est accompagnée d’un catalogue richement documenté |