Après la crise sanitaire, la crise économique. En Alsace, en France, en Europe, les usines sont fermées, les salariés absents, les filières déstabilisées. L’Union européenne connaît un choc sans précédent : si les confinements se poursuivent jusqu’au mois de mai, son produit intérieur brut pourrait baisser cette année de 10 %.

Quel sens donner à ces donnés macro-économiques, aux statistiques sur les défaillances d’entreprises, à des mots tels que la décroissance et la récession ? Les lecteurs de la presse économique seront friands d’explications. Les journalistes ne se contenteront de reproduire en boucle les éléments de langage que les politiques tentent déjà de nous fournir. Expliquer ne signifie pas résumer des faits sans hiérarchie, sous un titre accrocheur (« Ce que l’on sait »). Cette crise nous ramène aux bases de l’exercice de notre profession, à l’enquête, au croisement de nos sources. Un fait d’actualité doit être replacé dans son contexte, une entreprise dans son environnement. L’histoire est toujours la même : méfions-nous plus que jamais des raccourcis, des gros plans émouvants sur les déchets et les décombres de la crise.

Bientôt viendra le temps de la renaissance. En 1942, l’économiste autrichien Joseph Schumpeter a exposé sa théorie de la destruction créatrice. Les cycles économiques reposent sur des profils complémentaires. Il y a ceux qui innovent, les entrepreneurs et les financiers. Quand l’activité reprendra, essayons de chausser les lunettes de Schumpeter. Nos enquêtes apparaîtront moins anxiogènes que les papiers qui ont occupé les « Unes » depuis l’apparition du virus. En attendant, take care.

OLIVIER MIRGUET
LA TRIBUNE
omirguet@latribune.fr

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