Marie LUFF
pigiste dans le Grand Est essentiellement JRI
(Journaliste Reporter d’Images), 
après plusieurs années comme journaliste mensualisée.
Secrétaire de Profession : Pigiste,
elle co-organise notamment des apéros pigistes à Strasbourg

luff.marie@gmail.com
  • Quel est votre état desprit après 5 semaines de confinement ?
 
Je ne me pose pas la question car je suis en mode automatique. Comme la plupart des gens, beaucoup de choses à gérer en parallèle. En cela, être pigiste m’aide car j’ai l’habitude de jongler. Cela ne signifie pas tout réussir pour autant, hélas. Des angoisses de temps à autre et de la colère dont je me sers pour avancer. Épatée par les élans de solidarité, la débrouille et l’ingéniosité des gens (y compris des journalistes !)
 
  • Comment travaillez vous ?
 
Depuis chez moi et sur le terrain. Le ratio est de l’ordre de 70/30 pour cent. Rester à la maison est anxiogène ; à l’inverse sortir travailler m’apaise car je peux constater la situation par moi-même. Je ne suis pas intrépide pour autant ; chaque prise de risques est réfléchie. Bien sûr, je respecte les gestes barrières et les protocoles mais cela nécessite beaucoup de vigilance. Le manque de sommeil ou le stress conduisent aux imprudences. Un jour, un collègue m’a passé un savon parce que j’étais collée aux autres caméras. Il avait raison, je ne m’en étais pas rendue compte. Si les reportages prennent davantage de temps, je suis fascinée par la simplicité et la rapidité avec lesquelles j’arrive à entrer en contact avec quelqu’un. Bon, cela implique de longues heures de conversations téléphoniques. Les ondes, on en parle ? 
 
  • Les journalistes pigistes peuvent paraître plus vulnérables dans ce contexte, vous êtes secrétaire de Profession : Pigiste, quelles actions sont menées par l’association ?
 
Les pigistes sont des journalistes salariés. Au lieu d’être mensualisés, nous sommes payés à la pige. Cette différence est souvent la porte ouverte aux dérives, Covid-19 ou pas ! Nos actions ne se limitent pas aux apéros, au groupe Facebook et aux 48H de la pige. Depuis le début du confinement, nos membres prennent la parole dans la presse et sur les réseaux sociaux. Si les syndicats ont réussi à obtenir le chômage partiel pour les pigistes, nous avons documenté les débats en amont. Et puis, nous gardons le lien avec nos adhérents via Twitter, Facebook et notre newsletter. Notre site web (URL1) a été remanié avec une rubrique entièrement dédiée à l’actualité. Prochainement, nous organiserons un apéro virtuel pour échanger et rompre l’isolement, comme cela figure dans nos statuts. Et nous réfléchissons déjà à l’après Covid. Les 48H de la pige à Paris ont été annulées mais nous prévoyons des retrouvailles, dès la fin de l’été, à Paris. L’idée de l’association a germé pendant la tempête 1999 et le 17 mars, nous devions fêter nos 20 ans. Plus que jamais, Profession : Pigiste se mobilise !
 
  • Quavez vous fait depuis 5 semaines que vous naviez jamais fait avant ?
 
Du yoga par skype. Réussir mes oeufs au plat. Un concert de l’Orchestre National de Lorraine via Whats App (URL2).
 
  • Un dernier mot ?
 
Choisir plutôt que subir, du moins essayer. J’aurais préféré ne pas vivre cette pandémie mais je me sers du Covid-19 comme d’un révélateur. J’ai fait (et je continue de faire) le point sur mes besoins, mes envies et, surtout, mes limites. Et pour ne pas souffrir d’amnésie à la sortie du confinement, j’ai commencé à mettre certaines décisions en application. Un monde meilleur, on en rêve tous…
 
 
URL
URL 1 : https://pigiste.org
URL 2 : https://bit.ly/2Ko1amF

© Nadia Motsch – avant le confinement.
X