Quel est votre état d’esprit après deux semaines de confinement ?
– Après deux semaines de confinement je ne suis pas désespéré puisque j’ai la chance de vivre ici à Bruxelles dans une maison assez grande avec un jardin: chacun a un espace de télé-travai et nous pouvons prendre les repas tous ensemble! J’ai une pensée pour ceux qui sont bloqués dans leurs appartements, certains ne voient pas le soleil, comme cela arrive souvent dans les grandes villes: alors pour moi, je n’ai pas hésité longtemps, je ne suis pas resté dans Paris! De plus, le confinement est moins strict en Belgique, il est possible de se promener à deux, de faire du vélo. En tant que journaliste/reporter, c’est bien entendu contre nature! Il me tarde déjà de repartir en tournage pour raconter ce qui se passe… Je devais être cette semaine aux Etats-Unis pour la campagne des Primaires mas ce sera pour plus tard! J’ai réussi à convaincre mon rédacteur en chef de réaliser un reportage sur le port d’Anvers, le deuxième d’Europe, qui continue de fonctionner. Alors, j’ai eu le privilège de pouvoir repartir sur le terrain, avec masque, gants et la distance requise pour rencontrer les gens, si possible en restant à l’extérieur.
Comment s’est organisée votre rédaction ? Comment travaillez-vous, quelles sont vos sources ?
– Dans le bâtiment d’Arte à Strasbourg il n’y a plus que 25 personnes contre 400 d’habitude! Entre télétravail et présence sur place des secteurs essentiels, la chaîne continue de diffuser. Il y a sur place une équipe réduite pour fabriquer le Journal quotidien. Mais les responsables de l’entreprise doivent gérer la crise avec une extrême prudence. Pour la réalisation des reportages, interdiction de voyager hors de l’UE, port des masques et des gants obligatoires, une personne par voiture, protection et nettoyage des micros… Bref, c’est compliqué, mais tout le monde y met du sien et il y a une réelle fierté à pouvoir continuer à travailler.
Pensez-vous que l’actualité liée au COVID-19 continue de monopoliser les media ?
– Comme toutes les catastrophes, il y a un moment de sidération, suivi d’une demande très forte d’informations. Arte est plutôt un media qui travaille sur l’analyse des événements: le public va sans doute passer des chaînes d’info qui répètent en boucle les infos vers autre chose. On essaie de montrer ce qui se passe à travers le monde entier, même dans des situations extrêmes comme dans un pays en guerre (la Syrie) ou les camps de réfugiés en Grèce… Mais noirs savons aussi qu’il y aura très vite un besoin d’aller vers d’autres infos, d’autres histoires: c’est humain.
Qu’avez-vous fait depuis 7 jours que vous n’aviez jamais entrepris ?
– Comme beaucoup, on s’occupe un peu plus de son logement, c’est l’époque du nettoyage de Printemps! On aide les enfants dans leurs cours en ligne, on téléphone plus aux amis (sans doute moins de messages écrits, plus de paroles). Rien que je n’avais jamais fait avant, mais plus de choses que l’on faisait moins, à l’époque où j’étais pris dans le tourbillon de ma mobilité permanente et peut-être un peu folle..
Un dernier mot ?
– Même si je ne vis pas ce moment de façon douloureuse, j’ai tout de même envie de bouger! Mais je pense qu’il faudra s’interroger sur cet « après-guerre »: c’est le sens du reportage que je suis en train de tourner à travers la Belgique à partir du port d’Anvers.
Bon courage à tous et en particulier à vous qui êtes à Strasbourg, dans une région particulièrement touchée…