A moins d’une faille spatio-temporelle, difficile d’ignorer qu’il y a des élections européennes le 9 juin et pourtant, certains sondages d’opinions appellent à beaucoup de modestie. Selon un sondage réalisé par Viavoice pour France Télévisions et publié le 6 mai, 28 % des Français pensent qu’il y a un second tour à l’élection européenne, seul 1 Français sur 2 sait que le Parlement européen est composé de députés européens et seuls 21% des sondés sont capables de citer une mesure phare du dernier mandat du Parlement européen. Consternant ? Oui, sans aucun doute mais ce résultat nous interroge sur nos pratiques journalistiques : comment parler d’Europe ?

Comment intéresser nos lecteurs, nos téléspectateurs au Green Deal, à la Politique Agricole Commune, à la taxe carbone aux frontières sans que ce soient des gros mots ? Pour de nombreux médias, l’Europe et le Parlement européen ne deviennent un sujet que tous les 5 ans, pendant les 2 mois qui précèdent les élections européennes.

Alors quoi ? Un problème d’incarnation ? Qui sont les grandes figures européennes ? Ursula von der Leyen, la première femme à la tête de la Commission européenne, a réussi à incarner une Europe unie lors de la pandémie ou face à la Russie avec ses nombreux déplacements en Ukraine. Roberta Metsola, encore une femme, présidente du Parlement européen est une quasi inconnue en dehors de la « bulle bruxelloise ». Quant aux députés européens, le plus connu en France est Jordan Bardella, surnommé par nombre de ses pairs, Barde-pas -là tellement il incarne le mépris des eurodéputés d’extrême-droite pour le travail parlementaire. Et c’est donc sa liste, qui caracole en tête des sondages qui va probablement amener le plus gros contingent de députés européens français au Parlement européen. Une perte d’influence considérable de la France puisqu’une trentaine d’eurodéputés sur 81 ne vont produire aucun rapport, ni résolution, ils vont continuer à utiliser l’hémicycle de Strasbourg comme une tribune pour diffuser leurs messages populistes et xénophobes sur les réseaux sociaux et s’opposer à toute avancée européenne.

L’Europe est à la croisée des chemins, avec une guerre à nos portes, des élections américaines à haut risque et un défi climatique existentiel. Ces élections sont déterminantes. Le pire n’est jamais certain, c’est pourquoi il est essentiel d’aller voter !

Christine Boos
Journaliste France Télévisions Europe
Présidente Club de la presse Strasbourg Europe
christine.boos@francetv.fr

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