Claire Koç est journaliste, elle a été une membre active du Club de la presse dans les années 2007 à 2010. Elle est maintenant journaliste à France Télévisions. Claire Koç vient de publier « Claire, le prénom de la honte » une biographie dans laquelle elle parle de son assimilation à la société française.  

Claire Koç , pour la promotion de votre ouvrage, vous avez répondu à de nombreuses interview et vous êtes aujourd’hui victime d’une campagne de haine. Quand à débuté ce déferlement de haine ? A quel moment vous êtes-vous sentie menacée ?

Tout a commencé avec les premiers articles parus sur mon livre. J’ai reçu de nombreux messages haineux et insultants de la part d’internautes. Le harcèlement ciblé et encouragé est pratiqué par des militants pro Erdogan et partisans de l’idéologie des loups-gris. L’incitation à la haine et au harcèlement est caractérisé. J’ai également reçu des menaces de mort. J’ai porté plainte et suis sous protection policière. 

 

Le SNJ a fait part de sa solidarité dans un communiqué de presse, vous sentez-vous soutenue par la profession ?

 Je suis totalement soutenue par ma direction et par le syndicat national des journalistes de France Télévisions. J’ai également reçu des centaines de messages de soutien de confrères et consœurs d’autres médias et de l’étranger. Cela me touche.

Aujourd’hui, pour avoir écrit un livre sur ma propre vie et mon parcours d’émancipation pour m’extraire de ma cité pauvre et de ma famille qui m’écrasait pour le simple fait que je n’étais « qu’une femme après tout », je suis devenue la cible de messages haineux provenant de jeunes qui n’ont pas lu mon livre et ne comprennent pas ce que je dis dans mes interviews car quand je dis « j’aime la France » ils interprètent cela par un rejet de la Turquie. Ils ne comprennent rien à rien.Sans compter les menaces de mort…

 

Toute cette animosité prouve que la liberté d’expression, la liberté de penser et de choisir sa propre voie lorsqu’on est une femme ne sont pas des notions acquises pour toujours.

 

En écrivant votre livre, vous attendiez-vous à un tel déferlement de haine ?

Absolument pas et surtout pas de la part de ces groupes de personnes qui n’ont rien à voir avec mon histoire et mon livre. 

Ils se sont désignés comme autorités officielles de tout ce qui touche de près ou de loin mon pays d’origine. Ils me harcèlent car je dis que j’aime la France et que je suis Française. Ce n’est pas à eux de me dire comment je dois ou non aimer la France. 

Pour cette « hérésie » ils me qualifient de terroriste du PKK. Les menaces de mort viennent de là lorsqu’un militant fort de plus de 30 000 abonnés m’a qualifié ainsi en partageant ma photo. Pour eux on ne peut aimer la France lorsqu’on est d’origine turque… surtout quand on est une femme. C’est complètement fou ! Je vis en France, évidemment que je vais aimer mon pays, j’ai écrit un livre pour témoigner de mon amour de la France et tout ce que ce pays m’a apporté.

 

Merci Claire, vous pouvez compter sur toute notre solidarité.

 

Propos recueillis par Anka Wessang

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