Créer une charte à destination des journalistes en 2025 alors qu’il en existe depuis des décennies ? Quelle idée ! Et pourtant…
Les séquences politiques de ces dernières années ont mis en exergue la difficulté de nombreuses rédactions de traiter de manière factuelle et éclairée les questions liées aux migrations, à l’heure où les mobilités humaines sont un enjeu politique et social majeur du monde contemporain.
Face aux bouleversements migratoires, climatiques et sociaux que traverse notre monde, notre responsabilité collective en tant que journalistes n’a jamais été aussi grande. Nous avons le devoir et la responsabilité de les couvrir dans leur globalité, avec soin et précision. Sommes-nous tenus de tout savoir sur chaque sujet ? De ne jamais commettre d’erreur ? Rappelons-nous que nous ne sommes que des humains, et que justement en tant que tels, nous ne pouvons laisser les algorithmes remplacer l’esprit critique de tout un monde.
Cette charte n’est pas un simple texte de bonnes pratiques : c’est un appel à la lucidité et à la cohérence. Elle nous rappelle que notre métier – informer – est un acte profondément politique au sens noble du terme : celui qui participe à la vie de la cité. Bien que nombreuses sont nos entraves (précarité, intimidations, pressions de productivité), grande est notre responsabilité, c’est le choix que nous avons fait.
Nous, journalistes, ne pouvons plus nous réfugier derrière la neutralité de façade lorsque les récits de l’exil, de l’exclusion ou de la désinformation s’imposent à nous. Nous devons, au contraire, faire le choix du courage, de la nuance et de l’humanité.
Informer honnêtement, c’est refuser les simplifications, c’est redonner la parole à celles et ceux qu’on n’écoute plus, c’est regarder les migrations non comme un sujet « sensible », mais comme une réalité humaine, politique et sociale qui façonne notre présent commun.
Cette Charte a été écrite par des journalistes et des chercheurs convaincus que la liberté éditoriale n’est pas incompatible avec l’éthique – qu’au contraire, elle s’en nourrit. Elle nous invite à produire une information rigoureuse, complète et responsable, fidèle aux valeurs de vérité, d’équité et de respect.
Comme le rappelle la Charte mondiale d’éthique de la Fédération Internationale des Journalistes :
Informer, c’est relier, ouvrir une fenêtre sur le monde.
Informer, c’est résister à la désinformation et à l’oubli.
Informer, c’est préserver notre société de dérives inévitables.
C’est croire encore que le mot, l’image juste peut ouvrir un espace de compréhension et de justice quand la perception et les croyances outrepassent les faits et la vérité jusque dans le plus hautes sphères des états.
À chaque journaliste de s’en saisir, avec conscience et détermination.Parce qu’il n’y a pas de démocratie vivante sans une presse libre, exigeante et responsable.




