La force de l’habitude… Nous avions été nombreux, chacun et chacune dans nos fonctions, à nous émouvoir du retour des contrôles à la frontière allemande en septembre 2024, puis de leur renforcement annoncé… le 8 mai dernier. Plus d’un an après, les protestations se sont estompées, or la pratique est toujours là. Sans nul doute comme prix à payer pour la sécurité, et certes avec moins de zèle, les policiers de Friedrich Merz restent solidement postés le long du Rhin, d’un bord alsacien à l’autre, pour jeter un œil furtif sur votre plaque de véhicule. Comme au mal dénommé « bon vieux temps », mieux vaut prévoir quelques minutes supplémentaires sur son trajet, au moins, et une toute petite once d’incertitude vous gagne en saluant respectueusement l’homme ou la femme à l’uniforme frappé de l’aigle germanique, le pied sur le frein. Histoire de se dire à soi-même une phrase qui semblait rangée aux oubliettes de l’Histoire : oui, je franchis bien la frontière avec l’Allemagne.

Raison de plus pour ne pas laisser l’information être gagnée par la pose de barrières nationales. Le chemin est assurément long vers une telle abolition, tant restent tenaces les nuances voire les différences plus profondes d’approches entre nos deux pays, sur la conception même du métier de journaliste, sa relation avec ses sources et avec toutes les formes de pouvoir. Mais la poignée de professionnels qui emprunte cette voie avance, dans la mesure de leurs moyens, avec déterminisme et avec l’espoir d’entraîner toujours plus de consoeurs et confrères dans leur sillage. Eux attendent avec impatience d’éveiller l’attention de leurs lecteurs, auditeurs et spectateurs, pour que ceux-ci prononcent la phrase qui s’impose : « Vos papiers, s’il vous plaît ».

Christian Robischon
Cofondateur du site d’informations transfrontalières Voisins-Nachbarn
christian.robischon@sfr.fr

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