Depuis début octobre 2022, Fanny Klipfel est la nouvelle directrice de France 3 Grand Est. Elle est à la tête de la direction régionale et des 3 antennes de proximité : France 3 Alsace, France 3 Champagne-Ardenne et France 3 Lorraine.

 

 

Diplômée de l’école de journalisme de Strasbourg (CUEJ) et titulaire d’une maîtrise de droit public européen, Fanny Klipfel a débuté sa carrière en 1997. En tant que journaliste, elle a travaillé pour Radio France, les DNA, Europe 2, France 3 Alsace. Elle a été rédactrice en chef de France 3 Champagne Ardenne et rédactrice en chef adjointe de France 3 Picardie et France 3 Alsace. Elle a par la suite été nommée déléguée aux programmes puis déléguée antennes et contenus de France 3 Grand Est.

 

Fanny Klipfel vous êtes désormais à la tête de France 3 Grand Est, qui regroupe 3 territoires à forte identité, quatre frontières et une dimension extra nationale avec lEurope. Quel est votre état desprit en abordant cette puissante direction régionale ?

Je me sens à la fois enthousiaste et sérieuse face à cette mission. Le territoire du Grand Est est vaste, trois antennes de proximité, mais douze sites différents, 400 collaborateurs… J’ai toujours eu à coeur d’être en proximité avec les équipes que j’encadre, c’est essentiel pour moi de continuer à le faire, mais c’est sûr que c’est un plus grand défi avec un territoire de cette taille. Parallèlement, c’est une région que je connais bien, à laquelle je suis attachée, des équipes en qui j’ai confiance donc c’est un plaisir aussi pour moi que de travailler avec elles.

 

Depuis deux ans, France 3 Alsace et France bleu Alsace diffusent une matinale commune. Quel est le bilan de cette mutualisation ? Et quid des Matinales communes pour Reims et Nancy ?

Effectivement, ça fait deux ans que nous avons lancé en Alsace la matinale commune France Bleu Alsace – France 3 Matin. A ce jour 26 matinales ont été lancées, plus de la moitié des stations en France métropolitaine. En Alsace, où l’identité culturelle est forte, tout comme l’attachement aux médias locaux, nous sommes ravis de constater que cette offre rencontre son public ! Ainsi, cette émission diffusée du lundi au vendredi sur France Bleu Alsace et sur France 3 Alsace de 7h à 8h40 réalise en moyenne 4,9% de parts d’audience (Médiamétrie janvier-juin 2022).

Nous espérons pouvoir lancer les matinales en Lorraine et en Champagne-Ardenne d’ici à la fin de l’année prochaine mais c’est un peu plus compliqué à concevoir, puisque les territoires de diffusion des France Bleu dans ces zones ne correspondent pas exactement à ceux des antennes régionales de France 3, mais le travail est en cours.

 

Depuis 2021, les antennes de France 3 en régions diffusent des événements sportifs. Pour la saison 2022/23 France 3 a signé un accord avec la Ligue Nationale de Basket et diffuse les matchs de championnat. Comment sont accueillies ces retransmissions inédites ?

Effectivement, depuis deux saisons, nous avons décidé de refaire la part belle aux sports sur France 3 régions, et ça me ravit, vous l’imaginez bien ! Volley, hand, foot avec la Coupe de France, que ça soit du côté des championnats féminins ou masculins, et surtout basket comme vous le mentionnez, avec cet accord signé avec la LNB. Dans le Grand Est, nous avons la SIG à Strasbourg et le SLUC Nancy Basket qui sont concernés par la pro A, mais aussi des équipes en pro B : des retransmissions accueillies avec plaisir par notre public, que ça soit à l’antenne ou sur le numérique, avec des parts d’audiences en général supérieures à la moyenne de la case. Le 2 octobre, le match qui a vu s’affronter la SIG et le SLUC Nancy a réuni 6,7% de parts d’audience en Alsace.

 

Le documentaire a aussi une bonne place à lantenne sur France 3, avec un rendez-vous hebdomadaire, le jeudi. 2022 a déjà été une année faste pour France 3 Grand Est avec 5 documentaires primés (FIGRA, SCAM, CIRCOM, GREEN AWARD et Festival du film de Nancy).  Comment définiriez-vous le documentaire sur France 3 ?

La politique documentaire de France 3 est un secteur dont je me suis beaucoup occupé dans mes précédentes fonctions. On a vu la ligne éditoriale évoluer depuis plusieurs années, vers des documentaires traitant de sujets de société parfois légers, parfois plus graves. Dernièrement, D’abord ne pas nuire, réalisé par Eric Lemasson, qui traite des violences sexuelles faites aux enfants, qui ressurgissent en période de périnatalité, et pour lesquelles le service de gynécologie du CHRU de Strasbourg a mis au point un accompagnement tout particulier a effectivement été primé par la CIRCOM, qui regroupe des télévisions régionales dans toute l’Europe.

 

Sujet tout à fait différent, mais d’importance dans la région : Bataville, un monde qui marche au pas, sur Thomas Bata, l’homme qui voulait « chausser l’humanité » et qui a créé un laboratoire de la modernité, une cité ouvrière idéale : Bataville.  Il a été diffusé tout récemment sur France 3 Grand Est, vous pouvez encore le voir en replay sur france.tv.

 

Nous avons à coeur de constituer les archives de demain d’une certaine manière, en nous adressant toujours à un plus large public en parlant de thèmes divers et variés comme les tabous des menstruations avec le documentaire Mauvais sang ? d’une toute jeune réalisatrice dont nous avions déjà co produit le premier film ou les traditions populaires de la Volksmusik et comment elles mettent du baume sur les coeurs avec le documentaire Chanson d’amour.

 

 

Sur France 3 Alsace, plusieurs rendez-vous mettent en valeur la culture et le dialecte alsacien. Sunndis Kater le dimanche matin est un nouveau rendez-vous, a-t-il trouvé son public ?

Oui, chaque dimanche à 10h, Sunndi’s Kater réussit le défi de renouveler le genre des émissions en alsacien tout en capitalisant sur la tradition de l’humour alsacien, nous sommes vraiment contents de cette émission, calquée sur les late show américains ! Elle fonctionne bien également sur les réseaux sociaux avec de courtes pastilles humoristiques extraites de l’émission, qui plaisent beaucoup pour leur légèreté et leur ancrage dans la réalité.

 

Nous avons depuis plus de 30 ans maintenant, un rendez-vous quotidien d’actualité en alsacien avec Rund Um à 18h50 et vers 12h15. Un très beau succès d’audience et de notoriété surtout ! C’est la première marque associée à France 3 Alsace dans l’esprit de la plupart des gens. Et nous poursuivons également avec Gsuntheim chaque dimanche à 10h30 : Christian Hahn et sa joyeuse équipe donnent rendez-vous aux téléspectateurs avec des invités alsaciens autour de l’humour et de la culture. Comme vous pouvez le constater, il y a donc une programmation en langue régionale bien présente sur France 3 Alsace en 2022.

 

Noël est un temps fort dans notre région, avez-vous prévu une programmation spéciale ?

Oui tout à fait ! Nous avons prévu plusieurs émissions spéciales, des journaux télévisés en extérieur également. Les festivités débutent à l’antenne ce vendredi 25 novembre à 18h30 avec une édition du 18.30 justement consacrée aux lancements des illuminations de Noël des villes de Colmar et Metz, diffusé sur les 3 antennes de France 3 Grand Est.

 

Nous poursuivrons ensuite sur France 3 Alsace, avec un JT spécial dédié à l’ouverture du marché de Noël et des festivités de Strasbourg, Capitale de Noël dont nous sommes partenaires médias exclusifs, avec France Bleu Alsace. D’ailleurs, samedi 26 novembre à 11h05, nous proposons une émission spéciale ensemble, le Stamm de Noël, qui sera diffusée en direct, à la fois à la radio et à la télé, depuis le plateau installé place du Château à Strasbourg, et dans les allées du marché de Noël, où nous irons à la rencontre de celles et ceux qui forgent l’esprit de Noël strasbourgeois.

 

Nous serons bien sûr présents à Nancy le weekend des 3 et 4 décembre pour partager avec notre public les festivités de la Saint-Nicolas : un live sur notre site internet samedi 3 décembre pour le traditionnel défilé, et une émission spéciale dimanche 4 décembre à 12h55 sur France 3 Grand Est, en partenariat avec France Bleu Sud Lorraine au cœur du décor féérique de la place Stanislas de Nancy.

 

Sur France 3 Champagne-Ardenne, un 19/20 spécial Noël, à vivre jeudi 15 décembre dès 18h50, autour des spécialités champardennaises et de la magie de Noël en période d’inflation et de sobriété énergétique. Même thématique d’un Noël plus vert abordée dans une page spéciale dans le 19/20 du samedi 17 décembre sur France 3 Lorraine.

 

Enfin, nous proposons le 17 et 18 décembre à 12h55 sur France 3 Grand Est, une émission spéciale Un Noël à croquer en Alsace : nous vous embarquerons dans l’aventure de la réalisation d’un déjeuner de Noël festif, chaleureux, musical et qui ravira les papilles autant que les oreilles ! Autour d’André Manoukian, depuis le couvent des Dominicains à Guebwiller, nous retrouverons André Muller, le fameux ami des chefs alsaciens pour concocter un menu de fêtes, mais aussi Claudio Capeo et Elodie Fregé qui se réuniront autour d’un piano pour entonner leurs plus beaux chants de Noël… Cette émission sera rediffusée dans un format plus long de 52 minutes le 25 décembre à 15h15 sur toutes les antennes régionales de France 3, pour partager avec le plus grand nombre nos belles traditions de Noël.

 

Avec #fabriquetonmedia, France 3 Grand Est est engagé sur le terrain de l’éducation aux médias. Pouvez-vous nous expliquer ce dispositif et le public touché ?

 Fabrique ton media, c’est un dispositif qui a été initié par France 3 Alsace, le Récit – pôle régional cinématographique d’éducation aux images et le CLEMI au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, avec une volonté : lutter contre la désinformation auprès des collégiens et des lycéens. Ainsi, chaque année depuis, des journalistes accompagnent des classes d’établissement disséminés sur tout le territoire, dans la réalisation concrète de reportages d’actualité. L’enjeu est de les aider à comprendre concrètement ce qu’est – et ce que n’est pas – une information. Angles, interviews, images, tous ces sujets sont abordés avec les élèves pour leur apprendre à réaliser leurs reportages mais surtout, en corollaire, leur apprendre à distinguer une vraie information, vérifiée, sourcée,..

 

En septembre 2022 a été lancée la charte pour un journalisme à la hauteur de lurgence climatique. Comment les rédactions de France 3 Grand Est ont-elles accueilli cette alerte et ses préconisations ?

Les rédactions de la région travaillent depuis plusieurs années déjà sur les sujets liés à l’environnement. Dans des modules spécifiques dans les JT, dans le 18.30, la conscience d’accompagner les citoyens sur ces sujets était déjà prégnante. Aussi, depuis plusieurs années, avec l’évolution des modes d’information du public nous travaillons plus sur le décryptage, sur le journalisme de solution : à travers ce traitement de l’information nous abordions déjà régulièrement ces questions. Désormais, nous considérons que notre engagement en tant que journalistes est nécessaire sur ce sujet : il n’y a plus de neutralité possible. Le groupe France Télévisions est d’ailleurs très engagé sur ce sujet, en interne sur la gestion des bâtiments et sur l’évolution de nos pratiques vers plus d’écoresponsabilité, mais aussi en mobilisant régulièrement ses antennes autour des enjeux environnementaux, pour éclairer les dangers qui pèsent sur notre planète et les solutions à portée de tous pour la protéger : on l’a vu très récemment avec l’opération Aux arbres citoyens.

 

Depuis plusieurs années, France Télévisions est engagé pour la représentation des femmes à lantenne et au sein de lentreprise. Comment cet engagement se traduit-il à France 3 Grand Est ?

Effectivement, en tant que service public, France Télévisions est globalement engagé sur le sujet de la représentativité de tous les publics. Pour commencer, sachez que le comité directeur de France 3 Grand Est est l’un des plus féminins de France ! Mais il me semble que ce qui est vraiment important, c’est la parité. Les équipes  de  France 3 Grand Est  sont  composées de 47,3% de femmes et 52,7% d’hommes, un  pourcentage qui s’approche de l’équilibre. Nous prêtons une attention particulière à ces sujets, à la fois en interne dans la composition de nos équipes, mais également à l’antenne en mettant en avant l’égalité femmes/hommes très régulièrement, en travaillant avec des réalisatrices et des réalisateurs, des productrices et des producteurs.

 

Loffre numérique de France 3 Grand Est est performante : site, réseaux sociaux, (appli ?). Vous permet-elle de toucher lattention dun public plus jeune et moins captif ?

Oui tout à fait. En octobre, nous avons eu sur notre site internet grandes.france3.fr 4,8 millions de visites. Un chiffre en progression, qui vient se cumuler aux visites de nos autres plateformes : france.tv pour les replays de nos émissions, mais aussi les réseaux sociaux. Nous avons des pages Facebook, des comptes Instagram, Twitter et une chaîne YouTube qui nous permettent de nous adresser le plus largement possible à une audience qui ne nous suit pas forcément à la télé. Nous produisons d’ailleurs des contenus spécifiques pour ces plateformes de diffusions : sous forme de websérie, comme « Retour vers le 3615 », l’histoire du Minitel du point de vue d’une youtubeuse, Fannyfique, ou encore « Green Switcher », 4 épisodes pour découvrir le mode de vie de personnes qui ont tout plaqué pour un mode de vie écologique plus durable, et des modules web comme « Quartiers pop », des vidéos courtes sans clichés pour se laisser guider dans la vie des quartiers.

 

En 2021, linformation locale et régionale (info, docu, magazine) représente 3463 heures de programmes pour France 3 Grand Est. Quelle est la ligne éditoriale et quels sont les rendez-vous de la rédaction de France 3 Alsace et communs au Grand Est ? Cette offre est-elle amenée à évoluer ?

L’information, on dit souvent que c’est notre ADN ! La ligne éditoriale de l’information de France 3 en régions, c’est la proximité, l’information au plus près des territoires, un miroir tendu à ceux avec qui nous vivons en région. Mais c’est aussi le décryptage, les solutions proposées plutôt qu’une info anxiogène. C’est aussi, et les études le prouvent, une information de qualité, vérifiée, une info en laquelle les Français ont confiance : ainsi le baromètre IFOP de l’image de l’information nous place systématiquement depuis plusieurs années maintenant, en première place en terme de confiance. 80% des Français interrogés déclarent avoir confiance dans nos éditions d’information. Un résultat qui nous place loin devant les chaines d’information en continu, ou même les JT nationaux… On retrouve un résultat similaire en terme de liens crées entre les citoyens et de représentation de la diversité dans nos JT. 80% des Français estiment que les éditions régionales de France 3 reflètent bien la diversité et la société française : nous sommes vraiment satisfaits de voir que ces engagements que l’on prend au quotidien sont reconnus dans les sondages menés auprès des Français.

 

Effectivement, un grand projet de refonte de l’information est en cours au sein de France Télévisions. Les rendez-vous actuels – 11.50 sur France 3 Grand Est, les éditions régionales du 12/13 à 12h sur France 3 Alsace, France 3 Champagne-Ardenne et France 3 Lorraine, puis le 18.30 à nouveau sur France 3 Grand Est et les journaux régionaux en local à 18h50 puis le 19/20 à 19h sur chacune des 3 antennes de proximité sont amenés à évoluer à la rentrée de septembre 2023. Nous travaillons actuellement à une plus large tranche d’information en région qui inclura également l’info nationale et internationale désormais portée depuis les régions, au plus près des téléspectateurs.

 

A la rentrée de septembre 2023, France TV mettra fin aux éditions nationales du journal de France 3 (12-13 et 19-20). Linfo nationale devrait être traitée dans les éditions régionales. Comment appréhendez-vous cette échéance ? Quest-ce que cela changera pour le téléspectateur ?

 Nous y travaillons là encore, avec à la fois beaucoup d’enthousiasme et beaucoup de sérieux. C’est une formidable opportunité pour les antennes régionales, un vrai défi à relever également puisque cela va fortement changer la dynamique de fabrication de nos éditions d’information. Pour le téléspectateur, le principal changement sera une unité dans la présentation de toute la tranche d’information : il n’y aura plus de rupture entre l’information régionale et l’information nationale ou internationale, qui seront traitées au sein du même journal, lancées par le même présentateur, avec un angle toujours important donné à l’information de proximité. En revanche, les reportages nationaux ou internationaux seront toujours réalisés par nos collègues qui travaillent à cette échelle : au niveau des régions, nous composerons les JT et les présenterons avec des reportages réalisés localement ou ailleurs en France ou dans le monde.

 

BFM Alsace a été lancée au printemps, comment regardez-vous ce nouvel acteur du paysage médiatique régional ?

Nous sommes régulièrement interrogés à ce sujet, nous avions l’habitude de cohabiter dans le paysage médiatique régional avec nos collègues d’Alsace 20, nous continuerons à la faire avec ceux de BFM Alsace, qui sont par ailleurs pour nombre d’entre eux les mêmes. Nous sommes pour la pluralité de l’information, pour la diversité de celle-ci et nous considérons que c’est toujours un bénéfice pour les téléspectateurs que d’avoir accès à différentes sources d’information. C’est aussi un nouveau tremplin en terme d’emploi pour de jeunes journalistes, ce que nous voyons nécessairement positivement dans l’écosystème local. Nous considérons nos offres comme complémentaires, au bénéficie du territoire et de ses habitants.

 

Par Anka Wessang

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