Bretzels au munster fondu, sandwiches aux saucisses de sanglier des Ardennes ou pâté lorrain : le Grand Est a fait, dans l’unité, tout l’étalage de sa diversité du 25 février à ce dimanche 5 mars, au salon de l’agriculture. Tous réunis et mélangés sous la bannière bleue du Grand Est dans un espace de 1 255 m2 au sein du hall 3 du Parc des Expos, les cent exposants des neuf départements de la Région ont montré une belle leçon d’entente cordiale.

Avec ses trois millions d’hectares de superficies agricoles utilisées, ses près de 30 000 exploitations, ses 20 000 vignerons et 50 000 hectares de vignes, ses 11 AOC, sa position de leader national dans les cultures du colza, de céréales, d’orge, de chanvre, de lentilles et évidemment de houblon et de chou à choucroute, le Grand Est en impose dès qu’il est question d’agriculture. La démonstration de force, en tout cas, est convaincante. Et cela a franchement de la gueule, comme on dit dans les travées de la plus grande ferme de France.

Tout cela a sauté aux yeux de la France entière, porte de Versailles, la semaine dernière. On y a même vu un restaurant qui n’était ni totalement alsacien, ni vraiment lorrain, ni complétement champardennais. Il s’appelait Saveurs du Grand Est. Une expression joliment trouvée. A sa carte : tous les grands classiques de chaque terroir. Mais aussi des innovations ou expérimentations nées de la fusion des trois régions, comme la choucroute au champagne ou la munstiflette lorraine.

C’est la preuve que ce métissage forcé peut aussi être source d’inspiration et de richesse. Sans que cela n’empêcher le groupe folklorique Gap de Berstett de faire découvrir ses danses traditionnelles alsaciennes, la Moselle d’y promouvoir ses hébergements insolites et les Ardennes d’y cuisiner leur cacasse à cul nu, fameux plat emblématique. A Paris, la semaine dernière, sous la bannière bleue de la Région Grand Est, nos trois anciennes régions sont arrivées à additionner leurs qualités et leurs particularités, sans qu’aucune identité ne soit gommée. On se dit alors que si le Grand Est parvient à remarquablement faire cohabiter à l’extérieur ses territoires dans ce qu’il a de plus identitaire et chauvin, à savoir sa bouffe, il n’y a pas vraiment de raison qu’il n’arrive pas à faire de même dans plein d’autres domaines intra-muros.

 

Philippe Marque
Journaliste – Républicain Lorrain
Président – Club de la presse de Metz-Lorraine
philippe.marque@republicain-lorrain.fr

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