Depuis septembre 2023, la strasbourgeoise Fanny Malek fait une chronique quotidienne sur France Bleu : « Le numérique ça s’explique ». Elle décode le web et le numérique pour les auditeurs et les aiguille vers des sites qui rendent vraiment service au quotidien. Elle explique les termes étranges, surprend des nouvelles tendances avec humour, tendresse, autodérision, et expertise. En 2022, Fanny Malek avait déjà réalisé avec SEPPIA une web série (5 épisodes) « Minitel »  diffusée par France 3 Alsace. Dans la vie, Fanny Malek est créatrice de contenus @fannyfique et elle a 65k followers sur Youtube, 22k sur Insta, et est aussi présente sur Twitch.

 

 

Fanny Malek, vous avez été journaliste, fait des vidéos pour le site Madmoizelle, vous avez aussi suivi le cours Florent… quand avez-vous décidé de vous lancer sur YouTube ?

J’ai décidé de me lancer sur YouTube vers les débuts de la plateforme, en 2010 ! Le cours Florent n’a pas été une expérience agréable. J’avais l’impression qu’il fallait rentrer dans des cases de « comédie » dans lesquelles je ne rentrais pas. YouTube commençait à devenir de plus en plus populaire à l’époque. Je trouvais que c’était un super espace d’expression, à la portée de toutes et tous. On n’avait pas besoin d’être validé par le jury pointilleux et sans tact d’une école de théâtre. Sur Youtube, chacun pouvait s’exprimer. On pouvait créer sans avoir trop de moyens techniques. Il suffisait d’une connexion internet, d’une webcam, et d’histoires à raconter. Ça tombait bien, j’avais tout ça sous la main !

Femme & geek, est-ce toujours compliqué en 2023 ?

Je n’ai jamais trouvé ça compliqué ! Mes parents travaillaient beaucoup donc j’étais souvent seule à la maison. Pour m’occuper, je bidouillais tous les équipements technologiques que j’avais sous la main. L’ordinateur familial de la fin des années 90, la caméra des vacances, ma console de jeux vidéo… J’ai toujours baigné dans l’univers des jeux, d’Internet. Et avec tout ça, je créais des histoires. Je tournais des films avec mes Playmobil, je filmais mes parties de jeux vidéo. Les réseaux sociaux m’ont permis d’avoir une communauté avec qui partager ces passions !

Depuis septembre, votre chronique quotidienne « Le numérique ça s’explique » est diffusée sur l’ensemble des 44 radios régionales de France Bleu. Comment est né ce projet ?

Christine Siméone Giocanti, responsable de l’Atelier de Création de France Bleu, m’a contactée après avoir vu mes vidéos sur le Minitel et avoir atterri sur ma chaîne YouTube. Je suis super reconnaissante ! Elle souhaitait parler du numérique autrement, avec légèreté et espièglerie. J’ai tout de suite embarqué dans le projet ! J’avais fait des chroniques pour Radio Campus pendant plusieurs années, la radio des étudiants. J’y parlais d’actualité du web décalée. Déjà avec une bonne dose d’humour !

Vous affichez un ton résolument joyeux, avec beaucoup d’autodérision. Un bon moyen pour faire passer des infos et dédramatiser le numérique ?

Tout passe toujours mieux avec humour ! Comme j’aime le dire : on n’est pas venus sur Terre pour souffrir ! Je me lève le matin pour essayer de passer une bonne journée. Et de rendre celle des autres plus jolie. Que ce soit dans mes interactions sociales, sur Internet, ou à travers mon travail. Les blagues, la dérision, ça rend tous les sujets bien plus digestes. Et ça donne du sens à la vie ! Le numérique, c’est un sujet qui peut paraître froid ou laborieux. Mais en 2024, on y est toutes et tous confrontés : impossible d’y échapper. En vulgarisant le sujet, j’essaye d’aider les auditeurs à mieux comprendre les nouvelles technologies qui nous entourent. Et à les rassurer ! On est tous dans le même bateau !

Contrairement aux réseaux sociaux, à la radio, il n’y a pas d’interaction directe avec les auditeurs. Vous êtes une créatrice de contenus, en perpétuelle lien avec votre communauté, est-ce que cette absence de réaction vous manque à la radio ?

Pas vraiment ! C’est un exercice différent ! Je m’exprime sur internet et à la radio mais paradoxalement, je reste quelqu’un d’assez timide. J’aime l’idée d’écrire mes chroniques au mieux, avec amour et humour, puis de les diffuser sur les ondes sans forcément avoir de retour. J’aime pouvoir raconter des histoires sans attendre de validation, ou d’avis. Car je sais qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, c’est normal. Sur les réseaux sociaux, les gens donnent leur avis à tort et à travers, sans prendre de pincettes. À la radio, je prépare ma chronique au mieux, elle arrive jusqu’aux oreilles des gens, et voilà ! Ça me va bien comme ça.

Sur les réseaux, en plus du numérique vous partagez aussi votre passion pour les brocantes et recycleries. Finalement, vous faites le lien entre le monde d’hier et celui d’aujourd’hui ?

Je suis une grande nostalgique ! Et j’aime l’idée des plaisirs simples ! C’est ce que j’essaye de transmettre. J’aime l’auto-dérision, j’aime que personne ne se sente pris de haut, jamais. J’aime les bizarreries, les objets kitschs, les vieilleries. J’essaye de partager l’idée qu’on peut se sentir bien sur Terre avec les ressources qu’elle a déjà. Il y a des millions d’objets et de vêtements à notre disposition, pas besoin d’en fabriquer davantage. Et pas besoin non plus de coller aux exigences de la société pour se sentir bien dans nos baskets. Faisons de notre mieux, avec les ressources à notre disposition, en sachant rire de soi. Ça sera déjà un bon début !

Enfin, vous avez emménagé à Strasbourg l’an dernier, qu’est-ce qui vous plait le plus dans la capitale alsacienne ?

C’est une ville que j’apprends à découvrir ! Je n’ai jamais fait autant de vélo de ma vie ! J’aime cette ville à taille humaine, où tout est accessible d’un coup de pédale. J’aime aussi qu’il y ait plein de festivals culturels, autour de la nourriture ou de marchés. Ça gigote beaucoup à Strasbourg ! C’est une ville où il fait bon vivre.

 

Propos recueillis par Anka Wessang

 

https://www.francebleu.fr/emissions/le-numerique-ca-s-explique

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