Moment historique !
Le 31 août dernier, Christophe Agius et Philippe Chéreau, duo iconique, commentaient en ringside la dernière apparition en France de la légende du catch américain John Cena. Organisé au stade de la Défense Arena, le show WWE Clash in Paris a rassemblé près de 70 000 personnes en 2 jours. Une ambiance folle !
Quelques jours plus tard, nous rencontrons (enfin) Christophe Agius !
Cet alsacien est commentateur de catch pour les programmes français de la World Wrestling Entertainment (WWE) depuis plus de 25 ans,
Passionné de catch depuis l’enfance, il se fait une place à RTL 9 au début des années 2000 grâce à ses connaissances, et son audace. A l’époque où la radio décide de retransmettre l’émission WWE RAW, le premier live est une catastrophe : les commentateurs n’y connaissent rien ! Christophe propose de leur rédiger, gratuitement, les biographies des personnages. La chaîne lui propose de passer un casting de voix.
« Il a une voix de merde, on ne le garde pas », conclut le directeur de casting.
Mais Philippe Chéreau voit en lui un vrai talent et insiste pour qu’il soit pris. « Je lui dois tout », s’émeut Christophe. Aujourd’hui devenu incontournables dans le monde du catch, le duo Christophe Agius et Philippe Chéreau fêtent ses 25 ans et ils publient un livre d’anecdotes Simplement 2.
« Le catch c’est un spectacle sportif »
Commentateur, journaliste, doubleur, et, papa depuis 2020, Christophe Agius a quitté Paris et est de retour en Alsace. Mais, il travaille toujours pour la WWE, avec Mediawan et Netflix, non plus depuis les studios parisiens, mais depuis chez lui. Il passe des nuits à commenter les matchs américains, parfois six jours par semaine, ce qui n’est pas une mince affaire, même pour cet expert. Mais « je repense au gamin que j’étais, qui voit plus qu’un rêve se réaliser », déclare-t-il avec fierté.
Le catch aujourd’hui ? c’est une série-télé-réalité. Les combattants sont filmés partout, se défient et sont omniprésents sur les réseaux sociaux. Le tout est scénarisé par des auteurs qui cisèlent ces show sportifs en machine de guerre : les géants mondiaux comme la WWE et l’AEW génèrent des sommes colossales et sont extrêmement rentables.
Christophe raconte que chaque match est organisé et répété. Du placement des personnages aux prises de vue des caméras, « c’est une machine extrêmement bien huilée », une sorte de « série télévisée, avec des coups en guise de dialogues. »
Les limites du monde spectaculaire du catch
En 2020, le mouvement de dénonciation massif #speakout a secoué le monde du catch professionnel. Inspiré par le mouvement #MeToo, #SpeakOut révèle le comportement machiste des hommes de la communauté, qui sont souvent « le cliché des mecs musclés qui parlent mal, se comportent mal, et sont brutaux », selon Christophe Agius.
Le sujet de l’indépendance des catcheurs et leur manque de sécurité est aussi régulièrement mis sur la table.
L’économie du catch en France est un sujet très différent, beaucoup plus modeste, et repose sur un modèle économique fragile « Quand je commentais des matchs de catch en France, j’étais la personne la mieux payée sur le show…», s’indigne Christophe.
L’Ange blanc et Duranton
S’il est incollable sur le catch américain, Christophe Agius connait ses classiques, et peut raconter avec passion le catch dans l’après-guerre, avec les stars françaises des années 50.
De Londres, en passant par la Nouvelle Orléans, Paris et son QG à Mundolsheim, Christophe Agius transmet avec une énergie toujours renouvelée sa passion pour le catch. Il faut dire qu’il a connu son heure de gloire, avec son duo, Philippe Chéreau : lors d’un show de la Wrestle Mania, leur table a été cassée lors d’une séquence scénarisée dans le show : « Dans notre métier, c’est un honneur », explique-t-il avec un clin d’œil.
Merci à Philippe Wendling qui nous a mis sur la piste.
La médiatisation du catch a débuté aux Etats Unis à la radio dans les des années 20.
En France, c’est essentiellement après la deuxième Guerre Mondiale, dans les années 50 à 60, que le catch explose en France. Il est même diffusé à la télévision par l’ORTF. C’est l’époque des plus grands catcheurs, comme André le Géant, L’Ange Blanc, ou encore Robert Duranton.
Plus tard, la médiatisation s’essouffle, et le catch est moins, diffusé. Il persiste néanmoins grâce aux galas locaux, des spectacles organisés dans des salles de sport ou des fêtes foraines, par des associations ou des fédérations françaises de catch.
Au courant des années 90, c’est le retour du catch à la télévision, d’abord sur Canal + puis sur RTL9, attirant une nouvelle génération de fans.
Aujourd’hui, 30 ans plus tard, c’est surtout à internet que le catch doit sa visibilité, notamment grâce aux différentes plateformes de streaming et aux réseaux sociaux, bien que la WWE continue à diffuser ses programmes à la télévision et organise régulièrement des tournées.