Je suis née quelques mois avant le coup d’état qui a plongé le Brésil dans 21 ans de dictature militaire (1964/1985).

 

À l’école on nous enseignait l’amour de la patrie, le respect du drapeau, les valeurs de la famille, bref travail, famille, patrie. Je n’avais aucune notion de la politique et tout ce que je vivais alors apparaissait comme normal. Je n’avais pas de paramètre de comparaison.

 

C’est au lycée qui j’ai pris conscience de ce qu’est la politique. C’est en apprenant ce que faisaient les militaires, que j’ai commencé à prendre mes distances avec la propagande officielle.

 

Nous étions en train de découvrir ce qu’était ce régime :  la censure de la presse, la persécution des opposants, l’existence de prisonniers politiques, les exactions, les disparitions. C’est avec effroi que nous lisions des témoignages de tortures ! Cela m’a traumatisé à vie !

 

Le désir de démocratie s’est alors imposé à tous. Cela arrivera en 1988 avec la nouvelle constitution qui a instauré la séparation des pouvoirs, le suffrage universel et le multipartisme.

 

J’allais voter, pour la première fois de ma vie, à la présidentielle brésilienne en 1994. Un aller/retour à Paris dans la journée, enceinte de 7 mois. Il fallait que j’y soit !

 

Après quelques années de démocratie balbutiante, mais réelle, Lula et le Parti des Travailleurs, arrivent au pouvoir et consacrent ainsi la victoire des forces populaires et progressistes.

 

Pour la première fois dans l’Histoire du Brésil, un régime décide de s’attaquer à la misère et à la faim. Et il va développer considérablement l’accès des classes populaire à la santé et à l’éducation.

 

Par ailleurs, sur le plan international, le Brésil commence à bénéficier d’un prestige inédit jusque-là.

 

Un vent de liberté, d’enthousiasme et d’optimisme se lève dans tout le pays.

 

C’en était trop pour ceux qui n’ont jamais arrêté de se considérer comme des maîtres qui n’acceptent aucune remise en cause de leurs privilèges et leurs pouvoirs.

 

Ils vont mettre en œuvre tous les moyens possibles : mensonges, fraude et manipulation, épaulés par une presse complaisante.

 

C’est dans ce contexte qu’on voit arriver sur la scène politique le représentant de l’extrême droite fasciste, réactionnaire et bigote :  Jair Bolsonaro. Nostalgique de la dictature militaire, il s’en prend sans retenue, aux femmes, aux noirs, aux indigènes et aux minorités. Il entraîne le pays dans une régression politique, économique, sociale et morale.

 

Et c’est tout l’enjeu de cette élection où Lula se représente, non pas comme leader de la gauche, mais d’une large coalition, dans le but de restaurer la démocratie.

 

Encore une fois j’irai voter et cette fois pour empêcher le fascisme de progresser dans mon pays. La lutte n’est jamais finie. Ni au Brésil, ni ailleurs !

 

Regina de Almeida
Journaliste brésilienne vivant à Strasbourg
reginada@gmail.com

 

 

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