Président de Top Music, Christophe Schalk, vient aussi d’être réélu Secrétaire national du Sirti, syndicat des radios indépendantes*. Verdissement des antennes, régulation de la publicité, Radioplayer France et actu de Top Music, il répond aux questions du Club de la presse.

Radio France vient d’annoncer le lancement d’une démarche de « verdissement » de ses antennes pour répondre aux réoccupations actuelles des français**. Est-ce que vous réfléchissez à des initiatives similaires sur Top Music ?

Nos relations avec Radio France, en local ainsi que sur le plan national, via le syndicat, sont bonnes et courtoises. Nous partageons notamment avec France Bleu, au moins le sens de la proximité.

 

Néanmoins entendre Radio France parler de remise accordée à certains annonceurs au prétexte de ceux-ci adoptent une démarche « verte » m’interroge….
Le modèle écononique de Radio France est très éloigné du notre qui repose uniquement sur les recettes publicitaires. Radio France est surtout financée par l’argent public via la redevance et ne peut, en théorie, dépasser un plafond annuel de 42M€ de CA auprès d’annonceurs commerciaux. A ceux-ci viennent s’ajouter les campagnes d’interêt général. Un annonceur commercial qui déciderait de verdir son offre et sa communication passerait il alors de la première catégorie à la seconde ? permettant en définitive à Radio France d’engranger davantage de chiffre d’affaires dont serait donc privé les acteurs indépendants. De mon point de vue, la radio publique devrait être intégralement financée par l’état, sans accès à la publicité.

Le projet de régulation de la publicité pour les produits polluants prévoit l’interdiction progressive, entre 2022 et 2032, de la publicité (presse, TV, radio, Internet, affichage) pour les produits et services les plus polluants ***. Les radios indépendantes dépendent essentiellement de leurs revenus publicitaires, cette loi porterait-t-elle atteinte au pluralisme des médias ? Quelles seraient les pistes de diversification des recettes des radios indépendantes ?

Top Music à Strasbourg emploie 25 personnes, journalistes, animateurs, technicien, community manager, commerciaux…

Notre modèle économique, je le répète, repose à 100% sur nos recettes publicitaires. Nous sommes des médias gratuits, véritables porte voix de la vie des territoires que nous couvrons et diffusons tous des contenus, emissions, chroniques en lien avec l’environnement. Nous oeuvrons pour poursuivre la diffusion hertzienne, via la FM et depuis 2 ans en Alsace le DAB+, beaucoup moins consommatrice d’énergie qu’en IP via internet. Notre conscience environnementale est une réalité.

 

Néanmoins, avant toute décision radicale et non concertée, il est nécessaire de chercher des solutions alliant la lutte contre le changement climatique et la préservation d’industries culturelles et créatives. Les radios indépendantes et les télévisions locales adoptent une position commune sur le sujet et avancent deux propositions : La création d’une autorité publique de régulation de la publicité, dotée de pouvoirs de contrôle et de sanction, à l’instar du CSA qui régule les contenus audiovisuels. La mise en place d’un « Contrat Média-Climat » sous l’égide et le contrôle du CSA. Les signataires de ce contrat (radios, télévisions, régies…) prendraient des engagements sur les contenus éditoriaux et publicitaires destinés à valoriser et sensibiliser sur la transition écologique. Ce qui pourrait se traduire par l’accompagnement des actions des annonceurs présents sur les antennes pour favoriser la présence de messages respectueux de l’environnement et la mise en place de conditions tarifaires plus favorables pour favoriser des campagnes institutionnelles en faveur de pratiques responsables, de l’utilisation de produits moins polluants, etc. selon le dialogue qui sera noué avec les annonceurs et selon les secteurs.
 

La plateforme Radioplayer France sera lancée en France au printemps prochain. Née de l’association entre Lagardere news, les Indés radios (dont TopMusic), le groupe M6, NextRadioTV, le Groupe NRJ et Radio France, cette application sera disponible sur toutes les interfaces connectées. Quelles sont vos principaux objectifs ?


L’initiative de la 
création de cette plateforme commune, dont on sait maintenant qu’elle sera s’appelera Radioplayer, revient à Jean Eric Valli qui préside par ailleurs les Indés Radio, le GIE dont nous sommes actionnaires. C’est sa vision qui a permis au début des années 90 de réunir les principaux acteurs de la radio indépendante en France. A ce jour nous sommes 25 radios associées et comptons 130 membres, nos stations représentent la première audience de France avec environ 9 millions d’auditeurs quotidiens et à ce titre sont commercialisées d’un seul tenant par TF1 Publicité. Ce marché national représente pour Top Music environ 40% de nos revenus. 

Faisons confiance à Jean Eric pour anticiper l’avenir. Il préside Cosmos la structure qui met en oeuvre Radioplayer qui rassemblera 88% de l’audience radio en France, soit 194 stations et plus de 700 web radios. Cette application unique permettra donc au public de trouver aisément le programme de son choix. RadioPlayer étant une marque européenne, et est donc un interlocuteur puissant pour les constructeurs automobiles, les plates-formes d’écoute ou les enceintes connectées. Il est essentiel que nos stations soient facilement accessibles sous toutes ces formes.
 

Le 6 octobre dernier Top Music et ses partenaires, acteurs du territoire, ont organisé un Job Dating géant : Les chasseurs de l’emploi. Un succès et une prouesse dans le contexte actuel. Avez-vous d’autres projets de cette envergure ?

Le contrat qui lie Top Music à ses auditeurs repose sur 4 points :
• Le divertissement d’où la place de la musique.
• L’information avec 30 flashes quotidiens.
• La récompense, l’auditeur est privilégié et accède à nos propres événements tels que les show cases (à venir au premier trimestre Julien Doré, Louane, Vianney, Claudio Capéo, … ) les Top Music Live qui réunissent 12000 invités au Zenith, ou aux évenements de nos partenaires tels que le RCSA, la SIG ou 200 manifestations que nous soutenons chaque année.
• Le service. Depuis 2 ans, au travers de nos rendez vous « Les traqueurs d’emploi » à l’antenne et sur les supports digitaux, nous nous atelons à rapprocher le chef d’entreprise qui recrute et le demandeur d’emploi, c’est l’un de nos leviers pour participer à la vitalité du territoire que nous couvrons. Au soir du job dating que nous avons organisé au Zenith 200 personnes avaient trouvé du travail, d’autres recrutements ont eu lieu dans les jours suivants bien entendu. Nous avons d’autres projets qui iront dans ce sens en 2021. Si un média local est par essence observateur de la vie régionale, il ne tient qu’à nous d’en devenir également acteur. 

* Premier employeur de la branche de la radiodiffusion, le SIRTI est le syndicat des radios indépendantes. Il représente et réunit 170 radios privées locales, régionales, thématiques et généralistes en France, diffusées en FM, en DAB+ et sur le digital. Les radios indépendantes représentent la première audience avec près de 9 Mo d’auditeurs quotidiens, un quart du chiffre d’affaires de la radio privée (167 Mo d’euros en 2019) et un tiers des effectifs de la radio privée en France avec 2 500 salariés dont 500 journalistes.

** Radio France veut verdir son antenne

*** Projet de loi de régulation de la publicité pour les produits polluants

 

 

Par Anka Wessang.
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