La crise sanitaire que nous venons de traverser laissera bien sûr des traces. On parle d’un « avant » et d’un « après » Covid-19, d’un plus jamais ça pour l’hôpital mais aussi pour tous ceux sans qui une société ne tourne pas. Ceux qui nous nourrissent, nous protègent, nous transportent, gèrent nos rebuts, enseignent à nos enfants, veillent sur nos vieux parents, nous enterrent…

Pendant cette période nous obligeant à nous éloigner des autres, nous avons pu mesurer aussi à quel point nous sommes des êtres sociaux et combien les contacts humains sont nécessaires à notre équilibre.

Si d’aucuns louent le télétravail, nous avons tous fait l’expérience des limites d’une gestion virtuelle de nos échanges. En particulier dans le métier de reporter dont l’essence même est d’observer, ressentir, vivre pour mieux rendre compte.

Dans les quartiers populaires sous pression policière où la densité humaine est bien plus importante, l’immense majorité des habitants ont respecté à la lettre l’injonction de ne pas sortir et trop d’enfants ont passé deux mois et demi dans le huis clos des appartements.

Le confinement a rendu plus criant encore les inégalités sociales. Il y avait bien plus de risque de se faire contrôler dans la rue, selon qu’on soit jeune, à la peau basanée, ou d’un certain âge et blanc, j’en ai fait plusieurs fois l’expérience.

On est aux prémices de l’ « après » seulement et le premier événement marquant de cette renaissance est cette vague de manifestations sous le mot d’ordre Black Lives Matter. Portée par une jeunesse qui ne dit rien d’autre que ce à quoi elle aspire : vivre sans subir le racisme latent qui gangrène la société. Ce n’est pas la police qui est raciste, ni l’école, ni les entreprises, ni l’Etat. Mais c’est la société tout entière qui le devient quand elle laisse faire des individus racistes sans réagir. Nous sommes collectivement responsables lorsque nous laissons dire ou faire, lorsque nous nous taisons face à des déclarations ou des faits racistes ou injustes.

Cette jeunesse courageuse a fait fi des interdictions de se rassembler parce que l’urgence de changer la donne est là. Il n’y a pas de haine à cela, il y a le sourire d’Ornella. Ne manquons pas ce premier rendez-vous de l’ « après ».

 

Photo ci-dessous Darek Szuster: Ornella, 18 ans, étudiante en 1ere année de droit à l’UHA, originaire de Schlierbach, devant le TGI de Mulhouse le mardi 9 juin.

Une manifestation contre les violences policières et en soutien au mouvement antiraciste et #BlackLivesMatter à Mulhouse.

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