Terre de richesses, qu’elles soient culturelles, historiques ou intellectuelles, l’Alsace a son mot à dire. Dans une période où nouveautés, traditions, mouvements et contre-mouvements s’entremêlent dans un contexte de crises, le débat d’idées est plus que jamais nécessaire. A la télé, l’image parle autant qu’elle accompagne le son. Nos médias locaux l’ont bien compris : en interview ou sur le plateau, ils font circuler micro et caméra entre paroles de citoyens, analyses d’experts ou discours d’élus.

Découpé en trois articles retraçant trois rencontres, Ces émissions qui font débat propose un tour d’horizon des émissions de débat des chaînes TV alsaciens. Hebdomadaires ou bimensuelles, elles nous reconnectent à nos enjeux locaux tout en offrant une ouverture politique et sociale sur l’Europe et ses défis.

Rencontre avec celles et ceux qui animent ces émissions qui font débat en Alsace, 3 épisodes pour mieux les connaître :

  1. Dimanche en politique – Face à la presse, France 3 Alsace
  2. Alsace Politiques, BFM Alsace
  3. Dimanche en politique – Edition Europe, France 3 Grand Est

 

Créé début 2011, Dimanche en politique est une émission hebdomadaire diffusée chaque dimanche midi sur France 3. Avec le passage aux 13 grandes régions métropolitaines en 2016, France TV décline son programme aux antennes régionales depuis 2016. Dans le Grand-Est, l’accent est mis sur la proximité avec les institutions européennes strasbourgeoises. Chaque dimanche suivant la session parlementaire mensuelle, Christine Boos réunit des eurodéputés, des journalistes ou des experts pour débattre d’un ou plusieurs thèmes de la session passée. L’occasion d’expliciter le travail des commissions, de faire le point sur l’avancée des lois et plus généralement de préciser le rôle de député européen aux téléspectateurs.

Barrage de Kakhova, logiciel Pegasus, batteries au lithium … parmi les sujets brûlants au programme de la session parlementaire du mois de juin, Christine Boos choisit de se pencher sur l’intelligence artificielle, dite I.A. Pour ce faire, la précision est de rigueur : plutôt que de modérer seule, la présentatrice s’appuie sur l’enseignant chercheur Michel de Mathelin, premier vice-président de l’Université de Strasbourg chargé des relations avec le monde socio-économique et de la valorisation. Outre ses distinctions en robotique médicale, il étudiait déjà l’intelligence artificielle lors de son master à Pittsburgh dans les années 1990.

Quant aux eurodéputés, ils sont, pour chaque émission, choisi selon les thèmes de travail de leur commission. La française Fabienne Keller du groupe Renew Europe et la belge Saskia Bricmont du groupe les Verts furent ainsi toutes les deux conviées pour apporter leur regard législatif et politiques sur le sujet. Membres de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, les deux eurodéputées ont travaillé sur ce sujet et ont participé au vote qui a eu lieu la veille dans l’hémicycle strasbourgeois.

Lors de leur arrivée au Parlement ce matin, les députés sont accueillis par un groupe d’activistes écologistes revendiquant la protection de l’environnement et l’action face à la destruction de la biodiversité. Inflexibles, les députés et leurs équipes entrent par centaines dans l’enceinte du Parlement. Le bâtiment Louise Weiss s’éveille et du côté de l’espace média, le maquillage des invités débutent en même temps que les premières sessions parlementaires. Pour Dimanche en Politique édition Europe, le débat durera 26 minutes et 30 secondes avant de laisser les députés exercer leurs fonctions et faire entendre leur voix au sein de l’hémicycle.

Sur le plateau, la bonne humeur donne le ton lors des derniers préparatifs. Avant d’aborder un sujet aussi pointu, un zeste de légèreté n’est pas de refus. Pour rendre l’intelligence artificielle aussi compréhensible que possible, Christine Boos insiste pour minimiser l’usage d’anglicismes et d’acronymes. Privés de leurs outils quotidiens de travail et de négociation, les invités éprouvent quelques difficultés à prononcer « intelligence artificielle » sans passer par le raccourci de « I.A. ».

La partie technique de l’émission est entièrement exercée par la production du Parlement Européen, composée d’intermittents du spectacle. Elle met ses régies, plateaux, caméras et micros à disposition dans le cadre exceptionnel qu’est celui du bâtiment Louise Weiss.

Avec un sujet qui a su faire la quasi-unanimité, l’émission d’aujourd’hui se déroule sur un ton détendu. Intervenant au lendemain des débats et du vote, les députées se félicitent de l’aboutissement de ce premier travail législatif. Pourtant, les courts reportages qui rythment l’émission donnent l’impression que ce n’est que le début. Malgré son initiative, l’Union Européenne n’est pas en avance du tout, rappelle Michel de Mathelin : il invite à « garder la maîtrise » et pose la question cruciale du contrôle que nous avons sur ces innovations.

Désireux de continuer à discuter de ces enjeux d’innovation et de sécurité, les quatre protagonistes se lèvent à peine de leur siège et prolongent l’échange, toujours sur le plateau. « On aurait voulu rester », ironise Fabienne Keller. L’intelligence artificielle est un sujet qu’on ne résout pas en 26 minutes et dont les perspectives d’avenir semblent nécessiter plus qu’un texte de loi pour la réguler.

Merci à Christine Boos pour sa disponibilité et sa bienveillance dans des moments aussi intenses et importants que sont les sessions parlementaires du Parlement Européen.

Laurent, OFFERLE-GUILLOTIN, étudiant-stagiaire au Club de la Presse Strasbourg

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