Une Serbie en ébullition. La contestation, partout. Dans les universités, dans les rues, dans les campagnes. C’est au cœur de cette actualité que les 60 étudiant·es de l’école de journalisme de Strasbourg – le Cuej – se sont immergé·es pendant le mois de mai.

Au printemps 2025, ce pays de six millions et demi d’habitant·es aux portes de l’Union européenne vit un mouvement de contestation historique contre le régime autoritaire du président Aleksander Vučić. C’est l’effondrement d’un auvent de la gare de Novi Sad, la deuxième ville du pays, ayant causé la mort de 16 personnes en novembre dernier, qui est à l’origine de cette colère.

 

Depuis six mois, le mouvement ne faiblit pas. Sur les murs des universités occupées, dans les cortèges hebdomadaires, la jeunesse est en première ligne. Rejoints par des cadres, des ouvriers, des paysans, des vétérans, les étudiant·es demandent des mesures fortes contre la corruption. Et tentent de médiatiser leur cause au-delà des frontières.

On se souvient des 80 étudiant·es serbes parcourant 1300 kilomètres à vélo en avril dernier pour rejoindre Strasbourg depuis Novi Sad afin d’attirer l’attention de l’Union européenne. Pour l’instant, le pouvoir reste sourd à leurs revendications.

C’est un bras de fer entre le régime et une grande partie de la société serbe que les étudiant·es de l’école de journalisme de Strasbourg racontent. Pendant un mois, ces journalistes en fin de formation ont parcouru le pays pour comprendre les raisons profondes de la colère. En dormant dans les universités occupées, en marchant aux côtés d’étudiant·es partis à la conquête des campagnes, les jeunes du Cuej sont resté·es fidèles à l’ADN de l’école : le terrain.

Pour mémoire, elle est la seule école de journalisme française à offrir une pédagogie de projet et de mise en situation sur une aussi longue durée. Chaque année, des enseignant·es et des professionnel·les de presse écrite, radio et télévision les accompagnent à la découverte d’un pays et de ses enjeux. En 2024, c’était la Jordanie. L’année précédente, la Géorgie. La fameuse « déloc’ » est une aventure qui dure depuis plus de 30 ans.

Christophe Busché
JRI, réalisateur, chef opérateur de prises de vues
Maître de conférences associé – CUEJ
buschechristophe@gmail.com

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