Louis Dreyfus est le président du Directoire du Groupe Le Monde.

Alors que les confinements ont accéléré la chute des ventes papiers de l’ensemble des titres de presse, les abonnements numériques au journal Le Monde ont connu un accroissement sans précédent. Il a accepté de répondre aux questions du Club de la presse.

 

 

 

 

Le Monde comptera 350 000 abonnés purs numériques d’ici à fin 2020 (ils étaient 100 000 en 2016)*. Nouveau dispositif d’abonnement, confinement, diversification des formats et qualité offre, comment expliquez-vous cet accroissement ?

Le Monde a récolté en 2020 les fruits d’une stratégie d’investissements menée sans discontinuer depuis 10 ans avec le soutien de nos actionnaires. Nous avons été les premiers à investir sur une offre d’abonnement numérique mais surtout nous avons investi année après année sur la richesse et la rigueur de nos contenus éditoriaux.

Le Monde bénéficie aujourd’hui dans le secteur de l’abonnement numérique aux médias d’information d’une situation que d’autres secteurs ont connu: il existe ce que les économistes appellent une « prime au leader ». Ainsi sur le premier semestre 2020, nous avons recruté 70% des nouveaux abonnés à des médias d’information français. Et évidemment plus la vague est forte, (et c’est le cas avec le confinement), plus le bénéfice est fort pour le leader. Ce chiffre impressionnant récompenses 10 ans d’investissement pour Le Monde.


Quelle est la stratégie de contenus du Monde ?

Notre stratégie repose sur la conviction que seule l’extrême qualité et l’exclusivité de nos contenus est à même d’attirer et de fidéliser notre audience. Progressivement nous avons en outre développé une vraie expertise pour définir le tempo de diffusion de ces contenus et les formats les plus a même de « convertir » une audience gratuite en abonnements.

 

 Quel est le positionnement du Monde sur les audiences gratuites ?

Les nouveaux médias que sont Snapchat, Youtube et Facebook sont pour nous des accès privilégiés pour toucher de nouvelles audiences, plus jeunes, plus nombreuses. Ils nous offrent une ouverture exceptionnelle vers ces nouveaux publics (par exemple 1,4 millions d’ado français regardent quotidiennement l’édition du Monde sur Snapchat Discover !). Avec ces médias, nous construisons notre portefeuille d’abonnés des prochaines années.

 

Les revenus issus des abonnements numériques du Monde devraient approcher les 40 millions d’euros en 2020. Quelles sont vos priorités de réinvestissement ?  

Nous allons poursuivre nos investissements dans la rédaction et dans nos capacités de développement numérique.

Par ailleurs, nous sommes convaincus qu’une partie de l’avenir du Monde passe par une capacité renforcée à conquérir des audiences francophones. Cette ambition avait été actée il y’a a quelques années avec la création du Monde Afrique. Là encore, nous allons maintenir le cap et redoubler d’efforts.

*Le journal espère atteindre son objectif du million d’abonnés numériques plus tôt que prévu. Ce seuil lui garantirait une plus grande stabilité financière et une moindre dépendance aux revenus publicitaires incertains, mais néanmoins nécessaires pour un bon équilibre financier.
Le Monde c’est aussi 400 000 exemplaires du journal payés quotidiennement.

Photo (détail) : letemps.ch

Par Anka Wessang.

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