Je suis féministe. Ce terme résonne parfois comme une agression pour celui qui l’entend.

Pourtant, l’idéal féministe qui me guide est pour moi un chemin vers un monde plus juste, plus équilibré, plus apaisé.

Cet idéal, je le concevais et le conçois toujours comme un vecteur de rassemblement.

Les combats sont nombreux et les événements des dernières années ont semblé susciter une prise de conscience généralisée qui devait nous permettre d’accomplir des bonds de géant dans la lutte pour les droits des femmes et l’avènement d’une égalité réelle.

De bonds de géant, il n’y en a pas eu.

Et que faisons-nous, féministes ? Nous nous perdons dans des combats sororicides : abolitionnistes contre règlementaristes, universalistes contre intersectionnelles, transactivistes contre féministes radicales, etc.

Pendant ce temps, le droit à l’avortement est largement remis en question, voire disparait dans de nombreux pays. Des jeunes filles sont brûlées vives ou aspergées d’acide. Les préjugés sexistes sont tellement ancrés que les Nations Unies nous disent que dans le monde, 25 % des personnes interrogées, hommes et femmes confondus, pensent qu’il est justifié qu’un homme soit violent avec son épouse.

Je sais bien que les positions des différents mouvements féministes peuvent parfois être irréconciables à bien des égards mais ne peut-on pas se concentrer sur ce qui nous rassemble, nos valeurs communes, nos objectifs communs ?

A l’ère du soupçon et de la méfiance généralisée, je dis que nous valons mieux que ça, qu’on n’est pas obligé.es de mépriser ou de haïr celui ou celle qui ne pense pas comme nous.

Je dis qu’on a à apprendre de tout le monde, qu’il faut parler à tout le monde, en se réservant le droit de ne pas être d’accord, mais en gardant à l’esprit qu’un échange dépassionné et constructif enrichit.

Je dis qu’en tant que féministes, nous luttons pour.

Nous luttons pour l’égalité des droits, pour le droit à la sécurité, à la santé, pour l’abolition des stéréotypes et des discriminations et tant d’autres encore.

Ne luttons pas contre. Les un.es contre les autres.

Luttons ensemble.

Léa Toledano
Présidente CIDFF Bas-Rhin
lt@toledano-avocat.fr

 

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