Mortaza Behboudi est né en 1994 dans le Wardak, en Afghanistan. À deux ans, il vit son premier exil. Sa famille se réfugie en Iran. À neuf ans, il doit commencer à travailler. Déterminé à étudier les sciences politiques, il retourne à Kaboul à 17 ans. La photo et le journalisme s’imposent à lui comme une évidence pour raconter son pays. Mais en Afghanistan, l’ombre des Talibans et de l’État islamique s’étend. Privé de sa liberté d’expression, Mortaza décide de quitter à nouveau son pays.

En 2015, lorsqu’il arrive à Paris, il dort sous les ponts. Il apprend alors l’existence de la Maison des journalistes. L’association va l’accueillir, l’héberger et l’accompagner pour obtenir le statut de réfugié. Infatigable, il s’inscrit à la Sorbonne, continue son travail de journaliste. Son combat : faire entendre la voix des réfugiés. C’est à ce moment-là que j’ai la chance de croiser sa route pour la première fois. En 2017, il est présent chez Reporters sans frontières au moment du dévoilement de leur classement mondial de la liberté de la presse. Qui pourrait imaginer que derrière son sourire, sa passion, sa ténacité se cache une histoire si difficile ?

Des personnes comme Mortaza, j’en ai rencontré plus qu’il n’en faudrait à la Maison des journalistes. Quelques mois plus tard, j’ai rejoint l’équipe pour un service civique. Les vies qui s’y racontent sont des histoires insoutenables. La prison, la torture, l’abandon de tout, les menaces sur la famille, avoir sa tête mise à prix… Et puis des sourires, malgré tout. La chance d’être en vie, d’être en France. Mais l’exil est un prix si lourd…

Il est difficile pour nous, français, vivant dans un pays libre, d’imaginer ce que c’est que de tout perdre pour vivre. Il est aussi difficile pour nous, journalistes, travaillant dans un pays libre, d’imaginer ce que c’est que de tout sacrifier pour son métier.

Aujourd’hui, Mortaza est franco-afghan et tellement fier. Il parle parfaitement français. Il travaille avec de nombreux grands médias (France 2, Arte, Libération…). Il raconte son pays de naissance à son pays d’adoption.

Le 7 janvier 2023, il a été arrêté par les Talibans. Sans aucune explication, il est depuis emprisonné, accusé d’espionnage. La mobilisation s’organise pour dénoncer son incarcération inadmissible. Ne l’oublions pas, faisons connaître son nom et son combat. #FreeMortaza

Margot Fellmann
Rédactrice en chef – L’est agricole et viticole / Le paysan du Haut-Rhin
margotfellmann@gmail.com

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