« Maman, est-ce que toute la planète a voté pour Nicusor Dan ? », m’a demandé mon fils de 6 ans, lundi 19 mai, au lendemain du deuxième tour de l’élection présidentielle en Roumanie. « Pas toute la planète, lui ai-je répondu, mais suffisamment de personnes pour que le pays de ton papa et le mien restent de bons amis. »

Je vous l’avoue : je n’y croyais plus trop. Car, quand je suis allée en Roumanie aux vacances de Pâques, j’ai trouvé la population très divisée. D’un côté, les sexagénaires et plus, bercés par une nostalgie, que je qualifierais d’« illusoire ». Ceux qui buvaient le discours du candidat ultranationaliste George Simion. « Au temps de Ceausescu, la Roumanie était forte et indépendante. Elle ne se laissait pas influencer par les autres pays. Aujourd’hui, elle a le même potentiel », ai-je entendu. Ils semblaient avoir oublié l’oppression et les restrictions imposées par le dictateur.

De l’autre côté, ceux qui ne voulaient plus voter, désabusés par les dirigeants de ces dernières années, experts en magouilles politiques pour garder les rênes du pouvoir. La dernière en date : l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle pour ingérence d’un Etat étranger, en décembre dernier, sans apporter de preuves concrètes.

Au milieu, il y avait mon époux et ses amis, ceux qui sont nés à la fin de la dictature, ou après. Ils craignaient de voir un proche de la Russie, devenir Président, et ne voulaient surtout pas que leur pays se soumette aux désirs de Poutine. Ils allaient voter pour un pro-européen.

C’est eux qui l’ont emporté. Ils se sont mobilisés et ont réussi à fédérer. A mes yeux, cette victoire est celle d’une nouvelle génération roumaine, qui veut continuer à s’ouvrir au monde plutôt qu’à se replier sur soi et qui résiste aux manipulations populistes. Une génération inspirante.

Alors, oui, avec Nicusor Dan, la Roumanie restera notre amie, mais pour que les aspirations des électeurs résonnent également au sein des frontières du pays, l’ancien candidat indépendant,  désormais Président, devra compter sur la bonne volonté des parlementaires. Et ça, ce n’est pas gagné.

Aline Fontaine
Journaliste – NoriaTV et Intervenante – EMI
Ancienne correspondante d’Arte, TV Monde et La croix en Roumanie
fontainealine@yahoo.fr

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