Sept ans que, depuis le 2 novembre 2013, nous, les amis de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, grand reporter et technicien de RFI tués au Mali par des jihadistes, nous nous battons pour la justice, la vérité et contre l’oubli. Fidèles, debout bien que fatigués de buter sur des murs invisibles, et solidaires pour perpétuer leur mémoire. D’emblée, le juge anti-terroriste Marc Trévidic nous avait prévenus : « Si vous voulez que cette affaire reste en haut de la pile des dossiers à l’instruction, mobilisez-vous ». Depuis, chaque année, nous multiplions les conférences de presse, spectacles, expositions, manifeste, déplacement à l’ONU et interpellons toutes les autorités politiques ou judiciaires en tant que parties civiles au dossier. François Hollande puis Emmanuel Macron nous reçus ou assuré de leur soutien. Bien sûr…

Pourtant, le secret défense nous est opposé. Pourtant, des zones d’ombre persistent du côté de l’armée française qui releva les deux corps de Ghislaine et Claude. Et, récemment, les otages du Mali ont été échangés contre des criminels cités dans l’instruction. Pire, le négociateur côté « terroristes », Sedan ag Hita, est l’un des commanditaires présumés de ce double assassinat, impliqué dans des exécutions d’otages.

Dès 2013, l’ONU a décrété la date du 2 novembre, « Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes ». Fin de l’impunité vraiment ? Selon l’UNESCO, sur 1109 crimes commis sur des reporters entre 2006 et 2016, 8% seulement ont été élucidés. Tous les journalistes sont concernés or, nous constatons que les noms et les visages de nos amis ont disparu des articles et des écrans. On évoque le Mali sous tous les angles mais sans jamaisciter les deux confrères assassinés sur ce terrain ! RFI est l’un des médias nationaux les plus puissants de par son audience mondiale mais il lui manque clairement quelque chose de franco-français pour mériter intérêt et éclairages.

Notre cri ne recouvre pas que nos liens d’amitié dévastés. Il vise la mise en danger du droit fondamental d’être informé, pilier de la démocratie. Il est bien dommage d’avoir à le rappeler. Autrefois, les journalistes pouvaient être victimes d’un conflit comme n’importe quels civils ou militaires. Aujourd’hui, comme Ghislaine et Claude, ils sont visés es qualitéet au travers eux ce qui nous a donné à tous, depuis 70 ans, la liberté de travailler, de nous cultiver, de nous ouvrir au monde et d’être. Là est le grand danger.

Laurence Lacour
Journaliste. Autrice. Editrice.
Vice-présidente des AMIS DE GHISLAINE DUPONT ET CLAUDE VERLON
l.lacour@arenes.fr

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