À partir de quand sommes-nous légitimes à prendre la parole ? À être en colère, ou simplement contrarié ? Faut-il être irréprochable pour reprocher ? Vous avez 4h.

Alors que les supports d’expression ne manquent pas en France en 2022, je m’interroge encore sur nos légitimités respectives à se saisir de cette fameuse parole libératrice. On a tous un « ami » Facebook qui publie tous les jours un autre coup de gueule, un adepte des appels à la mobilisation, au financement participatif, au boycott… Et soyons honnête, on n’en pense pas moins.

C’est au détour d’une promenade à l’orée de la forêt voisine qu’un nouveau genre de paysage m’interpelle au point d’avoir, à mon tour, l’envie irrépressible de donner un avis tranché et assumé.

Deux frigos gisent là, jetés sur la berge, en pleine nature.

Probablement victimes du serial killer « obsolescence programmée » étaient-ils « programmés » à finir au bord de cette petite rivière, cachés du regard de tous ?

Cette incivilité me choque. Mais suis-je écologiquement irréprochable pour condamner ?

La Loi climat et résilience est la loi de tous, mais nous ne sommes pas égaux face à sa compréhension et son acceptation. D’ailleurs les procès sur la place publique se multiplient : des chars à voile aux jets privés, le cumul de « miles » n’a pas meilleure presse que le cumul des mandats. Allons-nous nous indigner demain face aux tomates en hiver comme devant deux frigos dans une rivière ?

L’écologie relève de la responsabilité de chaque être humain et il y a encore un très long chemin pour de meilleurs lendemains.

Caroline Hermen
Directrice Conseil
Agence Goodway
caroline.hermen@goodway.fr

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