Florence Grandon est journaliste à France 3 Alsace et référente de l’association La Chance. Elle a accepté de répondre à nos questions pour en savoir d’avantage sur cette association qui vise à favoriser la diversité dans les médias et qui vient de célébrer ses 15 ans d’activité.

 

 

 

Comment est née “La Chance” et quelle est son ambition ?

La Chance est née d’un constat de jeunes journalistes fraîchement sortis d’écoles : les rédactions qu’ils intégraient tout comme les écoles de journalisme ne reflétaient pas la diversité de la population française. L’ambition de l’association est d’agir à tous les niveaux pour que les médias reflètent la diversité de la population française. Toutes les diversités.

 

Dans quelles villes est présente l’association, et depuis quand à Strasbourg ?

La Chance est implantée à Toulouse, Paris, Rennes, Marseille, Grenoble, Bordeaux et depuis 2016 à Strasbourg.

 

Comment sélectionnez-vous les personnes qui pourront en bénéficier et combien sont-elles chaque année ?

Entre 200 et 250 candidats postulent pour 80 à 90 étudiants retenus. Les candidats déposent un dossier en ligne évalué par des bénévoles, ils sont ensuite conviés à un oral. L’objectif est de prendre les personnes qui ont le plus besoin de nous. Les jurys se réunissent ensuite pour trancher.

 

Qui sont les bénévoles qui encadrent les étudiants et étudiantes ?

Des professionnels du journalisme audiovisuel et de la presse écrite, papier ou Internet. Du pigiste au rédacteur en chef, ils sont de tous âges et de toutes origines. A La Chance, ils sont unis par une même volonté d’aider les jeunes boursiers à devenir journaliste.

 

Que proposez-vous concrètement ? 

La formation représente entre 175 et 250 heures. Elle permet aux candidats de se préparer aux épreuves des concours dans les meilleures conditions.

La prépa s’articule autour d’une session de travail hebdomadaire, chaque samedi après-midi, animée par des journalistes professionnels de différents médias. La séance du samedi dure environ 4 heures. Aux tests de culture générale, d’actualité ou de français, corrigés en groupe, succède un exercice journalistique en rapport avec les concours des écoles, souvent préparé par les étudiants pendant la semaine. Des concours blancs, surveillés par d’anciens étudiants de La Chance, sont régulièrement organisés le samedi toute la journée. A ces séances s’ajoutent des cours d’anglais obligatoires, dispensés pendant la semaine. A Paris et ailleurs, des ateliers thématiques sont proposés en soirée. Tous les étudiants de La Chance peuvent les suivre sur Internet, en direct ou en différé. Des épreuves orales permettent de mieux préparer les épreuves d’admission des concours.
Sans oublier les visites dans les rédactions où travaillent les bénévoles de La Chance.

A La Chance, les étudiants ne sont jamais seuls. Chacun d’eux est accompagné par deux référents, un journaliste professionnel et un ancien étudiant de la prépa.
Tous les étudiants de La Chance reçoivent une aide financière pour passer les concours, proportionnelle à leur échelon de bourse. La Chance rembourse, sur justificatifs, une partie des frais de concours : inscriptions et déplacements.

 

Comment sont financées les activités de La Chance ?

Les actions de La Chance sont essentiellement financées par du mécénat privé, des subventions publiques et de la taxe d’apprentissage.

 

Quel est votre taux de réussite ? quelques exemples ?

Depuis trois ans, 63% de nos étudiants intègrent une formation en journalisme chaque année.

 

Globalement quel bilan a été tiré des 15 années d’activités de La Chance en 2022 et quelles sont ses perspectives ?

Le bilan est globalement positif avec près de 650 personnes passées par notre prépa et  7 à 8% des nouveaux entrants dans les écoles chaque année. Nous avons ajouté de nouvelles activités : l’éducation aux médias qui touchent de plus en plus de monde et l’insertion professionnelle qui nous permet entre autres de travailler plus étroitement avec les rédactions. L’objectif est de continuer à faire plus et mieux pour des profils issus de toutes les diversités, qu’ils soient passés par La Chance ou non intègrent des rédactions.

 

Florence, à titre personnel, pourquoi vous êtes-vous engagée pour La Chance ? Pouvez-vous en quelques mots nous parler de la promo 2022-23 de la Chance Strasbourg, quelles seront vos prochaines activités/rendez-vous ?

J’ai entendu parler de La Chance juste après le Bataclan, et pour moi ça a été un déclic : le constat que les rédactions que j’ai connues sont très peu représentatives de la société française m’avait déjà étonnée. Est-ce qu’on peut changer cette situation ? Est-ce que je peux y participer ? Par une connaissance, je prends contact avec l’équipe de la Chance, au moment où l’association est lauréate de « la France s’engage ». Et je me rends compte, à ce moment-là, que la chance n’existe pas à Strasbourg où je travaille, ou plutôt pas encore… Avec quelques journalistes strasbourgeois (et du Grand Est), nous sommes donc à l’origine de l’équipe de La Chance Strasbourg, l’aventure a commencé à l’Est en 2016. Avec l’objectif d’aider de jeunes boursiers à intégrer les écoles reconnues par la profession (elles sont peu nombreuses et la concurrence est rude chaque année).

Cette année la promotion strasbourgeoise a connu une défection : une étudiante a abandonné la prépa juste avant les dossiers à remplir pour les écoles, en janvier. Chaque année, le mois de janvier est difficile pour nos étudiants. Tous boursiers, certains cumulent études et jobs, voire plusieurs emplois ou services civiques. Parfois sans aide financière et/ou morale de leur famille, il leur faut trouver motivation et soutien au sein de La Chance ou auprès des autres étudiants (actuels ou anciens de La Chance ayant réussi les écoles). En janvier jusqu’en mars, c’est la période des dossiers : depuis le covid, de plus en plus d’écoles demandent un dossier, avec beaucoup de textes ou articles à rédiger. Une période très dense donc : il leur faut tenir le rythme et ne plus douter. Nous continuons donc avec 6 étudiants, objectif : 100% de réussite aux concours !

A partir du mois d’avril, nous les bénévoles allons avoir deux rôles principaux : consolateurs (les étudiants reçoivent des réponses négatives et positives des écoles au fur et à mesure de l’année) et en parallèle jurés d’oraux : pour les préparer au mieux à la 2e partie des concours.

Puis nous aurons un merveilleux moment à partager, entre étudiants et bénévoles : notre pot traditionnel de fin d’année, après les concours, début juillet. Un moment toujours très fort, et émouvant. Nos jeunes prennent leur envol vers d’autres villes, pour commencer un cursus dans une école de journalisme, ou faire un apprentissage dans un média. Nous allons tous prendre des vacances méritées, avant d’accueillir la nouvelle promotion, en novembre. Mais ça c’est une autre histoire….

 

LA CHANCE

Propos recueillis par Anka Wessang

X